Droits des paysan-ne-s : un séminaire international ce vendredi

Action Solidarité Tiers-Monde (ASTM), Frères des hommes, SOS Faim et le Cercle des ONGD invitent ce vendredi à un séminaire sur la déclaration de l’ONU sur les droits des paysan-ne-s et des autres personnes vivant dans les zones rurales, adoptée – après 17 ans de débats – par une large majorité de pays en décembre de l’année passée.

La déclaration de l’ONU sur les droits des paysan-ne-s et des autres personnes vivant dans les zones rurales devrait permettre d’améliorer les conditions de vie des populations rurales, mais aussi contribuer à la pleine réalisation de l’Agenda 2030 pour le développement durable, comme à la réussite de la Décennie de l’agriculture familiale de l’ONU, signalent les organisations qui invitent au séminaire. Face aux multiples crises contemporaines, il leur est « fondamental de placer les petit-e-s paysan-ne-s au cœur de systèmes alimentaires plus durables et de les associer à leur gouvernance pour combattre la croissance de la faim et des inégalités ». Leur implication serait également indispensable à la préservation des ressources naturelles et au développement de pratiques agroécologiques. Les interventions et débats se dérouleront le vendredi 15 novembre, entre 9 et 17 heures, au Lifelong Learning Center de la Chambre des salariés. La ministre de la Coopération au développement, Paulette Lenert (LSAP), participera à un débat sur la mise en œuvre de la déclaration au Luxembourg vers 15 heures.

Le woxx s’est entretenu avec Ronaldo Galeano, défenseur des droits humains au sein du Comité d’unité paysanne (CUC) du Guatemala. Il participera au séminaire et y développera plus particulièrement la question du droit à la participation citoyenne dans le contexte de la déclaration.

woxx : Quel est l’intérêt d’une telle résolution pour les organisations de la société civile dans votre pays ?

Ronaldo Galeano du Comité d’unité paysanne (CUC) du Guatemala. Photo: woxx.lu

Ronaldo Galeano : La déclaration n’est qu’un instrument parmi d’autres. La question est de savoir jusqu’où peut aller une telle déclaration. Un gouvernement comme celui de mon pays, le Guatemala, est plus enclin à suivre les termes d’un traité ratifié par le congrès qu’une déclaration, qui ne l’est pas. L’impact dépendra donc beaucoup de la volonté politique qui existe dans les différents États. Pour nos organisations représentant le peuple guatémaltèque, qui a ses racines dans l’agriculture et dont une grande partie dépend de ce secteur, cette déclaration est un instrument de lutte politique. L’État du Guatemala, alors qu’il s’agit d’un pays agricole, n’a pas voulu reconnaître cette déclaration et la délégation est sortie de la session à Genève au moment du vote. Pour les représentants de la société civile, une telle résolution est un bon instrument pour notre lutte politique, car il permet de contraindre nos dirigeants politiques à respecter les principes qui y sont inscrits.

Quelle disposition en particulier de la résolution a posé problème au gouvernement du Guatemala ?

C’est le thème général des droits des paysan-ne-s qui met nos responsables politiques mal à l’aise. Le fait que les paysans et travailleurs agricoles puissent mettre en avant leurs revendications risque de ne pas être du goût des grandes entreprises.

Quel rôle doit pouvoir jouer la société civile – tant au Sud qu’au Nord – pour que les objectifs de la résolution soient atteints ?

D’abord il s’agit pour la société civile de faire connaître la résolution, qui n’a été que très peu diffusée. Mais il faut aussi être attentif à bien expliquer que cette déclaration ne peut agir qu’en complément à d’autres instruments, notamment la convention 169 du Bureau international du travail sur les populations indigènes, sachant que le Guatemala est un pays avec une très forte proportion de peuples indigènes. Nous utilisons la déclaration pour amener nos revendications devant les instances nationales. Lorsque la Cour constitutionnelle se réfère de façon répétée et dans le même sens à une telle convention ou à une déclaration, cette jurisprudence entre dans l’ensemble du droit constitutionnel. Jusqu’à présent, il n’y a eu qu’une seule référence de la Cour constitutionnelle à la déclaration des Nations unies sur les paysans. Nous utilisons cela comme une sorte de fenêtre pour en parler et pour faire donc entrer petit à petit ce thème dans la législation nationale.

Quelles pourraient être les mesures que le Luxembourg devrait adopter au niveau politique ?

Au niveau politique, le Luxembourg pourrait faire du plaidoyer pour que dans notre région, donc l’Amérique centrale, les politiques officielles commencent à reconnaître les droits des paysans et à comprendre qu’ils ont besoin d’une protection spéciale.

Et est-ce que la société civile du Nord dans sa globalité peut être utile dans cette démarche ?

Un rôle très fort pourrait être la promotion de la déclaration et la valorisation de tous les métiers appartenant à la sphère rurale, comme acteurs pour la souveraineté et la sécurité alimentaire, partout dans le monde. Il faut rechercher des conditions qui soient dignes et respectueuses pour que tous les paysans puissent se consacrer à leur travail, qui consiste à nourrir le monde. Il faut que les paysans puissent produire des aliments biologiques. À cela s’ajoute le droit d’avoir recours à des semences originaires des régions concernées et de ne pas dépendre des semences génétiquement modifiées.

Le séminaire se tient ce vendredi 15 novembre, de 9 à 17 heures, au Luxembourg Lifelong Learning Center  de la CSL, 2-4 rue Pierre Hentges, L-1726 Luxembourg. La participation est gratuite et ouverte à tout public intéressé, mais les places sont limitées et une inscription en ligne préalable est nécessaire.


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