Face à l’extrême droite : « Nous voulons une France joyeuse »

Le premier tour des élections législatives françaises se déroule ce dimanche. Face au péril de voir l’extrême droite arriver au pouvoir dans deux semaines, les partis de gauche se sont coalisés au sein du Nouveau Front populaire (NPF). Sa candidate pour la circonscription des Français·es du Benelux était en meeting à Luxembourg, mardi.

(Photo : André Pain/EPA)

La salle s’est d’abord remplie timidement, puis il a fallu ajouter des chaises, qui se sont à leur tour avérées insuffisantes pour contenir tout le public. Mardi, en fin d’après-midi, c’est dans le cadre plutôt chic du Café français, situé dans l’hypercentre de la capitale, que Cécilia Gondard a tenu un meeting électoral du Nouveau Front populaire (NPF) pour les élections législatives anticipées, dont les deux tours se tiendront les dimanches 30 juin et 7 juillet. Membre du parti socialiste, elle est candidate au poste de députée dans la quatrième circonscription des Français·es de l’étranger, qui englobe le Benelux. Depuis 2017, la circonscription penche plutôt en faveur du camp macroniste, avec l’élection à deux reprises du député Pieyre-Alexandre Anglade. Mais les résultats des européennes du 9 juin peuvent présager une victoire de la candidate NPF, la liste Macron ne l’ayant emporté, chez le Français·es du Benelux, que d’une très courte tête sur celle du parti socialiste, alors même que la gauche était totalement désunie.

Pour ce scrutin législatif, Cécilia Gondard, qui réside à Bruxelles, porte les couleurs de la large union de la gauche française, construite en un temps record de deux jours, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Macron, le 9 juin. Cette alliance, qui va du PS au parti d’extrême gauche NPA, paraissait très improbable il y a encore quelques semaines. Mais il y a péril en la demeure et, dans un réflexe qui lui est habituel, la gauche française s’est rassemblée autour d’un impératif : faire barrage à l’extrême droite, plus précisément au Rassemblement national (RN), sorti grand vainqueur des européennes, où il a obtenu près d’un tiers des votes. Par sa décision inconséquente de dissoudre l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a pris le risque de voir le parti lepéniste accéder au pouvoir dans deux semaines, avec Jordan Bardella comme premier ministre.

Pour conjurer cette menace, Cécilia Gondard veut « combattre le RN par les idées ». Elle dresse la longue liste des votes par lesquels le parti d’extrême droite s’est opposé, depuis deux ans, à des mesures de progrès social portées par la gauche, alors même qu’il se pose en protecteur des classes populaires : hausse du smic, gel des prix de première nécessité, taxe sur les logements vacants, etc. « Ils n’ont pas fait mieux sur l’écologie, dont on ne parle plus beaucoup, en s’opposant à l’interdiction du glyphosate ou à une surtaxe sur les jets privés », poursuit la quadragénaire, insistant sur le fait que, sur tous ces sujets, le RN a voté de la même façon que la majorité présidentielle.

Le discours de Frieden

Pour cette élection, le NPF a cependant autre chose à proposer qu’une simple revue des méfaits politiques du RN et de la persistance de son idéologie raciste. « Nous voulons une France joyeuse », lance Cécilia Gondard pour résumer le programme chiffré de l’alliance de gauche. Hausse du smic à 1.600 euros, abrogation de la réforme des retraites, indexation des salaires figurent en tête du programme du NPF. Ce dernier entend compenser les dépenses sociales par un retour à la justice fiscale, en taxant davantage les riches ou les superprofits des multinationales, dont l’imposition a considérablement baissé depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. Plus largement, sur le plan économique, le NPF veut promouvoir une politique de la demande, plutôt que de l’offre avec son lot de mesures austéritaires. Le retour de Keynes en somme.

Avant de prendre la parole, Cécilia Gondard reçoit le soutien de l’ancien secrétaire d’État au Budget de François Hollande, le socialiste Christian Eckert, venu en voisin depuis Briey, où il réside. Il y a aussi Franz Fayot, député LSAP et ancien ministre de l’Économie, qui dit sa « grande inquiétude dans ce moment grave ». « L’arrivée au pouvoir du RN en France ne serait pas sans incidence pour le Luxembourg », prévient l’élu socialiste. Il s’inquiète plus généralement de la montée du nationalisme dans toute l’Europe et de la diffusion de ses idées. Elles infusent « même au Luxembourg », selon lui : « Lors de la fête nationale, Luc Frieden a prononcé cinq fois le mot nation dans son discours », relève-t-il, affirmant qu’il s’agit d’un fâcheux précédent dans des propos tenus par un premier ministre luxembourgeois.


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