Le numéro d’avril du magazine Forum est consacré à la cohésion sociale, ou plutôt à la question de savoir ce qui fait tenir ensemble un pays comme le nôtre, soumis à des changements structurels profonds.
Les débats successifs sur l’identité, les langues et la croissance cachant plus qu’ils ne révèlent, un certain malaise – lié, comme l’estime Jürgen Stoldt dans son introduction – à la perspective d’une population résidente composée à 50 pour cent d’étrangers. Ajoutons à cela, la déconstruction d’un certain nombre de mythes nationaux, concernant la place financière (Luxleaks, Panama papers) ou encore l’histoire nationale (rapport Artuso), lesquels pourraient sérieusement mettre en péril le mastic social… Du moins celui d’une partie de la population davantage ancrée dans le local, comme l’explique le sociolinguiste Christoph Purschke. L’autre partie inscrivant son existence dans le contexte global esquissé par les nouveaux médias, avec l’anglais comme lingua franca. Ce qui les réunit, c’est le désarroi devant un quotidien de plus en plus « complexe » où le désir de « validation externe » occupe un rôle majeur – des expériences contemporaines qu’on aurait aimé voir approfondies dans ce numéro, même si elles ne se limitent pas au Luxembourg. On lira avec intérêt les réflexions de Frank Hofmann sur le développement du concept de multiculturalisme, la contribution de Michel Cames qui oppose les concepts de cohésion sociale et capital social ou encore l’appel de Michel Pauly, pour qui la justice sociale est le meilleur garant de la cohésion sociale. Françoise Poos, de son côté, rappelle le rôle de la radio et de la télévision comme rituel collectif. André Hoffmann imagine un patriotisme lié à la Constitution qui régit le vivre-ensemble et Sonja Kmec estime que la recherche sur le concept flou de l’identité a encore de beaux jours devant lui. Enfin, Heidi Martins livre ses recherches sur le sentiment d’appartenance des émigrants portugais de la deuxième génération.