Chaque année, la fondation Idea, créée en 2014 à l’initiative de la Chambre de commerce luxembourgeoise et qui a pour mission « de mener des réflexions en faveur du développement durable et de l’intérêt économique général du pays », publie un avis sur la conjoncture économique dans le contexte luxembourgeois, européen et mondial. Un rapport assorti, à chaque fois, d’une thématique spécifique. Cette année, Idea s’est adonnée à une analyse sur l’état de l’économie de partage – la « sharing economy » si chère à Jeremy Rifkin – au grand-duché. Au plus tard depuis l’introduction des smartphones et de la géolocalisation qui va avec, les possibilités de l’économie de l’échange se sont démultipliées. Si la vitesse et les volumes des échanges se sont amplifiés, les coûts de l’information et de la coordination ont baissé. Des plateformes permettant de revendre, louer, troquer, prêter, emprunter voire donner des biens ou même des services en se passant non seulement des circuits de commercialisation existants, mais en épargnant aussi des ressources, se sont créées. En ce qui concerne le Luxembourg, le premier constat est relativement décevant : selon l’eurobaromètre de mars 2016, seuls 14 pour cent des gens ont eu recours au partage – d’une voiture, d’un outil, d’un logement … – au moins une fois via une des plateformes y dédiées. Et seulement 4 pour cent disent avoir offert de tels services. Nos voisins s’avèrent 1,5 à 2 fois plus « partageurs », alors que d’un point de vue technologique et en prenant en compte le nombre de smartphones et l’accès à l’internet, le Luxembourg a de bonnes conditions de départ. D’ailleurs, une enquête toute récente de TNS-Ilres montre à quel degré les Luxembourgeois sont accros aux réseaux sociaux – 79 pour cent d’entre eux déclarent utiliser Facebook, 26 pour cent partagent des images via Instagram et 24 pour cent sont détenteurs d’un compte Snapchat. Qu’est-ce qui bloque alors ? Selon l’étude menée par Idea, ce serait un moindre besoin en revenus complémentaires pour ceux qui auraient des choses à offrir. Mais on pourrait aussi avancer que le haut niveau de certains revenus rend le partage de biens et de services à un moindre coût beaucoup moins urgent. D’ailleurs, il semble bien que le bât blesse plutôt du côté de la demande. Comparé à d’autres régions d’Europe, le Luxembourg s’avère aussi peu « métropolisé », une condition nécessaire pour créer une certaine masse critique et une certaine proximité d’une population sensibilisée pour les principes de l’économie de partage. En attendant que les choses changent, Idea propose d’entamer quelques réflexions autour des réglementations à mettre en place afin d’éviter notamment l’installation d’une concurrence déloyale envers l’économie traditionnelle.
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