Musique/comédie virale : Look What the Cat Dragged In

Une nouvelle virée en ligne absolument subjective, avec de la musique ou des humoristes qu’on peut écouter, découvrir ou voir pendant les longues heures et jours de confinement.

Un confinement simple ne lui suffit pas : pour écrire et enregistrer son nouvel album, Daniel Balthasar s’est carrément mis en boîte. (© Véronique Kolber)

Habituellement, les mails enthousiastes de musicien-ne-s ou de groupes qui commencent avec « Un nouvel album ! » ne sont pas de taille à relever l’humeur de la rédaction culturelle, qui sait que ce qui l’attend est bien souvent un dossier de presse mal ficelé, des photos en résolution minuscule et des MP3 de mauvaise qualité – avec en prime la mauvaise conscience envers les artistes qui sûrement pensaient bien faire. Mais cette semaine-ci, crise oblige, a été différente, et la lecture du mail commençant par « Neien Album » provenant de Daniel Balthasar a été tout sauf teintée de l’ennui décrit ci-dessus.

Au contraire, le songwriter luxembourgeois y explique comment par hasard il a composé dix chansons en étant confiné avec sa famille (deux gosses en bas âge, chapeau l’artiste). Pour ce faire, il s’est retiré dans une énorme boîte en carton qui traînait dans sa cave, car trop grande pour sa voiture. Balthasar l’a transportée dans son studio et en a fait son refuge. Il y a composé, enregistré et édité les chansons, toutes mastérisées à New York par Darcy Proper. L’album est en écoute libre sur le site de l’artiste, avec une vidéo animée par sa femme, Véronique Kolber. La promesse que ce ne sont pas des chansons qui disent « Tenez bon ! » ou « Tout finira bien ! » est absolument tenue. Même si la quarantaine a eu son impact sur l’écriture de « The Long Lost Art of Getting Lost », ce n’est pas une approche trop concentrée sur les aspects dramatiques, mais une plongée intimiste et souvent inattendue dans l’univers – doublement – confiné de Balthasar.

Peut-être aussi confiné chez lui, mais à l’air frais, voire glacial, c’est le choix de setting d’un poids lourd international parmi les singer-songwriter, le Canadien Neil Young, qui n’a pas uniquement ouvert la totalité de ses archives en ligne au public, mais qui donne aussi des concerts réguliers dans son jardin. Les Fireside Sessions, dont la troisième édition est en ligne, valent le coup, ne serait-ce que pour mieux apprécier la chaleur sous la couette tandis que le grand maître joue dans la plaine arctique.

Et si jamais vos envies de live plus farouches ont été titillées et que vous n’êtes pas contre les découvertes en tout genre, sachez que le site d’Audiotree est fait pour vous ! Fondé en 2011 à Chicago, ce petit label s’est spécialisé dans les sessions live de petits groupes du circuit indépendant américain et international – et partage ses revenus à 50 pour cent avec les artistes. On y trouve un répertoire presque interminable d’artistes underground, dont certain-e-s sont passé-e-s par le Luxembourg du temps où il y avait encore des concerts, comme Snail Mail ou Tera Melos. Mais on n’y trouve pas que de l’indé : tous les genres sont représentés, le jazz, le blues et le folk comme l’electro ou le métal – bref, si les Rotondes, le Gudde Wëllen ou le Rocas vous manquent, voilà l’ersatz parfait. En plus, il y a des introductions, des explications et même des blagues de musicien-ne-s entre les chansons. Autre site du même genre, celui de la community radio KEXP de Seattle, qui organise des sessions live non moins renommées que celles d’Audiotree, en plus d’avoir un panel encore plus large et tous les services d’une radio – nouvelles incluses.

Le coronavirus et le confinement n’auront pas eu raison de lui : Pierre-Emmanuel Barré donne de ses nouvelles chaque jour sur son compte Facebook – et ça claque ! (© Pierre-Emmanuel Barré)

Pour celles et ceux qui préfèrent le rire aux notes, sachez qu’il y a du bon à voir côté français. D’abord, et puisqu’il est passé à la Kulturfabrik en février 2018, l’insondable Pierre-Emmanuel Barré s’est lancé dans un journal de confinement avec sa compagne et à la campagne. Le résultat du jour est visible sur la page Facebook – à ne pas écouter avec des mineur-e-s dans la pièce quand même. En plus, le comédien a mis en streaming plusieurs de ses programmes sur son site.

Qui préfère rire moins acide pourra toujours se rabattre sur les anciens collègues de Barré sur France Inter, et surtout l’équipe de « Par Jupidémie ! », anciennement « Par Jupiter ! » et plus anciennement encore « Si tu écoutes, j’annule tout ». Le mélange présenté chaque jour de la semaine par Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek (les deux Belges du service public français) et leurs acolytes humoristes est de retour sur les ondes d’Inter après une brève quarantaine sur YouTube. Des chroniques plus ou moins sérieuses, des révisions de bac philo intéressantes même des décennies après les épreuves et des invité-e-s parfois surprenant-e-s – le tout par Skype – qui tiendront compagnie très agréablement pendant les longs après-midis bleus actuels.


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