Si le bouillonnant festival Rainy Days a clôturé son édition 2019 le week-end dernier, la musique contemporaine joue les prolongations au grand-duché ces vendredi et samedi au TNL, avec « Love & Jealousy », un diptyque d’opéras d’Albena Petrovic. Deux belles découvertes en perspective.

Tout est prêt pour un nouveau weekend musical contemporain : la répétition de « Love & Jealousy » mardi dernier au TNL. (Photo : Lucilin)
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle y a pris goût, Albena Petrovic, à ce genre toujours délicat pour compositrices et compositeurs que constitue l’opéra. Et il y a de quoi : en juin 2016, elle avait frappé fort en proposant « The Dark », la première œuvre contemporaine interprétée dans les casemates de la capitale. À cette occasion, la soprano Donatienne Michel-Dansac avait assuré la partie vocale, accompagnée par l’ensemble Lucilin. Un beau succès qui a permis d’intégrer l’opéra au répertoire de la formation luxembourgeoise ; celle-ci l’a d’ailleurs repris pas plus tard que le mois dernier à Tortosa, en Espagne, toujours avec la chanteuse française.
Il y avait donc de quoi aiguiser l’appétit d’Albena Petrovic pour la scène lyrique. Après la création par Ars Nova Lux en 2017 de son « Ermesinde’s Long Walk », elle s’attelle à « Love & Jealousy » – dont l’écriture a été soutenue par le ministère de la Culture –, qui sera représenté pour la première fois en mai 2018 à Stara Zagora, en Bulgarie, pays d’origine de la compositrice luxembourgeoise. C’est par conséquent à la première grand-ducale de ce diptyque que les enthousiastes de la musique contemporaine, mais aussi les curieuses et les curieux, pourront assister ce week-end.
Deux opéras en un acte seront proposés lors des deux soirées de représentation. « The Lovers », sur un livret de Svetla Georgieva, voit un personnage seul, cultivant sa marginalité à l’écart des clients d’un bar, surprendre la conversation d’un couple qui commence comme un flirt, mais va rapidement dégénérer. « Jealousy », sur un livret de Peter Thabit Jones (l’auteur gallois sera présent à la première), est une allégorie de la jalousie présente dans toute relation amoureuse, et qui peut avoir des conséquences tragiques. Sur ces histoires résolument contemporaines dans leur écriture, Albena Petrovic a procédé à la « recherche consciente d’une symbiose entre la tradition et l’innovation », comme elle l’explique dans sa présentation de l’œuvre. Pour lier les deux parties du diptyque amoureux, elle a choisi le timbre du saxophone, qu’elle a chargé du thème de la solitude.
De la part de la compositrice, on peut s’attendre à une ligne mélodique claire, soulignée par des interventions précises de l’orchestre : une recette qui avait très bien fonctionné dans « The Dark ». L’attachement aux voix et aux instruments est d’ailleurs visible dans une vidéo réalisée lors de la création. Ici, pas de technologie disruptive, de sons électroniques savamment pensés, mais la quintessence d’une tradition opératique revisitée certes, mais dans la continuité. Raison de plus pour celles et ceux qui aiment l’opéra « traditionnel » de tenter l’expérience de sa version contemporaine.
C’est l’ensemble Lucilin, désormais compagnon de route incontournable, qui assurera la partie musicale sous la direction d’Àlex Sansó. Les parties vocales seront tenues par les solistes du Théâtre national de Stara Zagora, qui ont créé la pièce l’année dernière, dans une mise en scène de leur directeur Ognian Draganoff. Avec une telle brochette de talents, les deux soirées promettent d’être belles. Osez la découverte !