Une stratégie à quatre volets et 33 mesures, c’est ce que le ministère de l’Économie a présenté. Derrière des métaphores médicales et musicales volontaristes se cache un grand embarras.
« Il faut traiter les patients par une approche globale. » Non, ce n’est pas une conférence de presse de la ministre de la Santé, mais de la secrétaire d’État à l’Économie. Ce lundi, Francine Closener a présenté la stratégie nationale de rénovation énergétique, les « patients » désignant les 60 pour cent de bâtiments au Luxembourg construits avant 1990.
La secrétaire d’État a rappelé que désormais, du côté des bâtiments neufs, l’efficacité énergétique est bonne, et qu’on ne construit plus que des maisons à basse consommation d’énergie depuis le début de l’année. « Nos entreprises s’y connaissent en constructions AAA, et nous sommes à la pointe de l’Europe pour le nombre d’artisans certifiés dans ce domaine », s’est félicité Closener. Par contre, du côté des rénovations des bâtiments existants, il y aurait trop peu de projets, et notamment très peu de remises à neuf intégrales. « Les experts sont unanimes pour dire que c’est la meilleure approche – c’est pourquoi nous avons doublé les bonus pour les propriétaires qui choisissent cette approche », a souligné la secrétaire d’État.
Il s’agit du premier élément de la nouvelle stratégie de rénovation. En effet, constatant que la réduction de la consommation d’énergie des bâtiments restait en deçà des prévisions, le ministère de l’Économie a cherché à identifier les obstacles qui empêchaient les propriétaires de procéder à des rénovations. Désormais, le premier objectif sera d’encourager des remises à neuf intégrales, allant du toit jusqu’aux fenêtres en passant par la façade… et incluant l’adaptation du chauffage et l’installation d’une ventilation mécanique contrôlée. « En ne renouvelant que certains éléments, vous risquez de vous créer des problèmes, comme les moisissures », a mis en garde Closener. Elle a annoncé une amélioration de l’information et du conseil fournis aux propriétaires, afin qu’ils comprennent que le rapport coût-avantage d’une rénovation est favorable. La secrétaire d’État a aussi souhaité un meilleur équilibre entre mesures de rénovation et protection du patrimoine… « sans que nous devenions des talibans de l’efficacité énergétique ». Enfin, elle a souligné l’importance du choix des matériaux d’isolation – des déchets toxiques en puissance – pour pouvoir les réutiliser selon les idéaux de l’économie circulaire.
Retapez, gagnez !
Par la suite, des représentants de l’agence « myenergy », de la Chambre des métiers et de la Fédération des artisans ont expliqué certains détails des 33 mesures que le ministère envisage de mettre en œuvre : cela va d’une augmentation de la récupération de la TVA jusqu’à de nouvelles formations pour les artisans.
« En quoi cela changera-t-il quelque chose à la réticence des propriétaires à procéder à une rénovation intégrale ? », a demandé un journaliste sous l’impression d’une trop grande abstraction des mesures annoncées. La réponse de Tom Eischen, commissaire du gouvernement à l’Énergie, a été assez éclairante : « Jusqu’ici, les différents acteurs – ‘myenergy’, conseillers énergétiques, communes, artisans – ne coopèrent pas de manière idéale. L’objectif est d’améliorer le jeu d’ensemble de cet orchestre. » On devine que jusqu’ici, des propriétaires hésitants et mal informés sont allés voir des artisans qui n’ont pas vu l’utilité de leur vendre autre chose que telle ou telle rénovation partielle. Est-ce que cela va changer ? « L’obstacle principal, c’est que c’est tellement compliqué », a estimé Francine Closener. Problème reconnu, problème résolu ? Au moins, un premier pas a été fait.