Turbine gaz-vapeur Twinerg : À bout de souffle ?

La Belgique n’a plus besoin de l’électricité que peut produire la centrale à gaz luxembourgeoise. Entre le nucléaire et la transition verte, trouvera-t-elle quand même sa place ?

1358newsEst-ce la fin de la plus grosse unité de production d’électricité au Luxembourg, Vianden mise à part ? La survie de la Twinerg est menacée par la récente décision du gouvernement belge de ne pas maintenir la réserve stratégique de son réseau au niveau actuel. Rappelons que, comme d’autres centrales à base de turbines gaz-vapeur, l’installation luxembourgeoise avait du mal à affronter la concurrence ces dernières années (woxx 1284). À l’automne dernier, un contrat avec le gestionnaire de réseau belge Elia avait assuré sa survie : Twinerg se faisait rémunérer pour faire partie de la réserve stratégique et devait donc se tenir prête à fournir de l’électricité au cas où plusieurs centrales seraient simultanément tombées en panne durant l’hiver. À ce moment-là, les incertitudes quant à l’avenir des réacteurs nucléaires belges étaient grandes.

Ce n’est plus le cas, du moins pas dans l’esprit de la ministre fédérale de l’Énergie, Marie-Christine Marghem. Certes, une étude de l’Elia recommandait que, au vu de l’arrêt de deux réacteurs, une réserve stratégique supplémentaire soit prévue pour l’hiver 2016-2017. Mais la ministre, après avoir obtenu le redémarrage de Doel 3 et Tihange 2, a fait savoir que cela n’était plus nécessaire, se félicitant de réduire ainsi les coûts de la réserve stratégique pour les ménages et les entreprises.

« Il est beaucoup trop tôt pour évoquer une fermeture de l’installation », a estimé Mark Lauwers, interrogé par le woxx. Le directeur de Twinerg insiste sur le niveau de performance élevé de la centrale, mais confirme qu’elle est concernée par le non-renouvellement de la réserve stratégique belge. Ce qui n’a rien de surprenant, la réserve stratégique n’ayant pas été utilisée cet hiver grâce à l’abondance d’électricité nucléaire. Lauwers ne semble pourtant pas désespéré et renvoie aux réflexions stratégiques du ministère belge en matière de sécurité d’approvisionnement.

En effet, fin janvier, lors de son discours au Forum énergie belge, Marie-Christine Marghem a insisté sur l’utilité, face aux aléas des énergies renouvelables, des centrales nucléaires. Mais pas seulement d’elles. « Prévoir », a dit la ministre, c’est aussi « éviter que nos unités gaz (…) ne ferment définitivement puisque, la plupart du temps, par manque de rentabilité, elles sont condamnées à ne pas tourner ». Et même si la centrale Twinerg est installée en territoire luxembourgeois, sa connexion au réseau belge et son actionnaire principal belge pourraient conduire la ministre belge à la considérer comme faisant partie de « ses » unités gaz. Et à la sauver d’une mort économique prématurée.

Le moindre mal

Notons que l’arrêt temporaire de la centrale n’a pas fait que des malheureux. « Voyez la belle fumée jaune qui sort de la cheminée sur la photo, chers amis eschois », avait commenté un internaute sur lessentiel.lu lors du « sauvetage » de Twinerg en automne, « elle se retrouvera encore sur vos voitures. » Il faisait allusion à la bouffée de pollution qui avait affecté les alentours de la centrale en septembre 2014. Quant aux écologistes, c’est moins pour la pollution – limitée – que pour le principe qu’ils s’étaient montrés très critiques envers ce projet de centrale à la fin des années 1990. Ils auraient préféré qu’on développe des installations de production à base d’énergies renouvelables ou des unités de cogénération à gaz plus petites et plus efficaces.

Cela étant, les écologistes admettent que les turbines à gaz représentent une technologie de transition importante. Surtout quand l’alternative est incarnée par le charbon ou, dans le cas belge, par le nucléaire. Détail piquant, ce qui cause des problèmes aux centrales à gaz, c’est précisément le maintien à moyen terme de cinq réacteurs controversés : Tihange 1 et Doel 1 et 2, vieux de 40 ans mais dont l’exploitation a été récemment prolongée, ainsi que Tihange 2 et Doel 3, mis à l’arrêt en 2014 à cause de l’apparition de microfissures, mais redémarrés entre-temps (woxx 1355).


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