Visite d’État au Japon : « Space is the Limit »

Clap de fin ce mercredi soir pour la visite d’État au Japon. Une visite qui a dépassé le cadre diplomatique en misant sur une importante délégation économique, qui a représenté presque tous les pans de l’économie luxembourgeoise.

BZ : Réplique du satellite « Hayabusa 1 » au Space Dome dans la Science City de Tsukuba. (© woxx)

Mercredi matin, rendez-vous était pris au Tokyo Skytree, la plus haute tour de radiodiffusion du monde avec ses 634 mètres. Au-delà de ses fonctions pratiques, la tour fait aussi office de restaurant et offre une plate-forme panoramique à partir de laquelle les visiteurs peuvent s’apercevoir que même à cette hauteur, la ville de Tokyo ne semble pas avoir de début ni de fin.

Une salle de conférence, sous forme d’une grande coupole, a été réservée pour la délégation grand-ducale afin d’y ouvrir la « Luxembourg-Japan Space Conference » censée faire avancer les opportunités de collaboration entre le Luxembourg et le Japon dans l’exploration de l’espace. Comme le ministre de l’Économie Étienne Schneider l’avait déjà remarqué lors d’une précédente rencontre avec des représentants nippons, « la Terre n’est plus notre limite, notre nouvelle limite c’est l’espace ».

Si on laisse de côté la question aussi scientifique que philosophique de savoir si l’espace est infini ou non, les possibilités de coopération entre l’agence spatiale nippone Jaxa et le programme Space Resources lancé par le gouvernement grand-ducal semblent à première vue se dérouler sous de bons augures. Cela dans le sens où, avec la mission « Hayabusa 1 », la Jaxa a déjà réalisé ce que le Luxembourg compte ajouter à son business model : lancer un satellite capable d’atterrir sur un astéroïde et d’en ramener du matériel jusqu’à la Terre. Certes, le véhicule spatial retournant sur notre planète n’a ramené que quelques microgrammes de matériel extraterrestre, mais le succès de la mission a démontré qu’il est en pratique possible d’exploiter des corps interstellaires et de ramener la « récolte » sur terre – d’ailleurs une deuxième mission est en préparation.

Le Tokyo Skytree. (© SIP / Jean-Christophe Verhaegen, tous droits réservés)

Le problème est que les approches japonaise et luxembourgeoise divergent quant au sens à donner à ces missions et au développement technologique nécessaire pour faire avancer notre connaissance des astéroïdes. L’approche japonaise reste classique, dans le sens où elle cherche avant tout à explorer ces corps et à en retirer des bénéfices pour la science, tandis que le grand-duché est en train de mettre en place les bases d’une exploitation commerciale des corps célestes à grand coups de partenariats public-privé et de démarchage actif d’investisseurs à risques auxquels on promet des garanties étatiques. En d’autres mots, le futur du rapprochement entre la Jaxa et l’initiative Space Resources est encore dans les étoiles. Entre-temps, des accords entre le List, l’Université du Luxembourg et leurs homologues japonais ont été trouvés. Et l’écho médiatique autour des idées luxembourgeoises pour la conquête de l’espace a été conséquent.

Du côté concret, la presse luxembourgeoise a eu droit à un premier débriefing de la part des ministres Schneider et Gramegna ainsi que du président de la Chambre de commerce Carlo Thelen – même s’il faut remarquer que la durée des missions économiques excède celle de la visite d’État, qui se termine donc mercredi soir avec une dernière réception d’adieu au palais Akasaka – la maison des hôtes d’État. Cela n’empêche que les ministres avaient quelques bonnes nouvelles dans leur sac. Avant tout, un accord a été trouvé entre la Cargolux et Nippon Cargo Airlines, ouvrant enfin l’aéroport de Tokyo Narita au transporteur de fret aérien luxembourgeois. « Cela faisait presque une trentaine d’années que la Cargolux essayait de se voir ouvrir ces portes », a insisté Schneider. D’autres « Memorandums of Understanding » ont été signés entre CHAMP Cargosystems (une filiale de la Cargolux) et Japan Airlines – une coopération remarquable dans le sens où ce sont les Japonais qui achètent au Luxembourg des systèmes informatiques pour la logistique aérienne et non pas l’inverse. Sinon, les rencontres dans le secteur du tourisme avec plus de 60 « tour operators » et des bloggeurs et influenceurs nippons, et les rapprochements au niveau culturel – comme lors de la dernière visite étatique en 2014, le Film Fund Luxembourg était cette fois-ci encore de la partie, avec pour mission de vendre des animations – ont été prometteurs selon le ministre.

Côté finances, le ministre Pierre Gramegna a – selon ses propres mots – pas seulement dû vendre le Luxembourg, mais surtout rassurer ses interlocuteurs et son homologue nippon sur l’état de l’Union européenne et sur la stabilité politique de l’Allemagne, qui semble beaucoup inquiéter les officiels japonais. D’ailleurs, Gramegna s’est aussi expliqué sur la bonne croissance de la zone euro, qui aurait dépassé sa « crise d’adolescence » avec la Grèce qui – selon lui – serait sur le bon chemin pour redevenir une bonne élève. Question vente, le ministre des Finances a essayé de trouver des adeptes pour les Green Bonds lancés il y a peu – avec le soutien d’un message vidéo envoyé par la grande-duchesse, qui n’était pas de la partie. Selon Gramegna, l’idée d’investir dans le développement de technologies vertes pour en retirer des profits doit encore faire son chemin dans la mentalité nippone. Tout comme celle d’exploiter des astéroïdes à des fins commerciales…

La semaine prochaine, vous pourrez lire dans le woxx imprimé une analyse plus approfondie de ces trois jours de visite d’État.

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