CSV: La façade s’effrite

A peine trois semaines après les élections, la « grande dame » CSV commence à se remettre de sa gueule de bois et à montrer son vrai visage.

Ironie du sort, c’est chez les catholiques de gauche du mensuel Forum que les jeunes de la CSJ sont allés se confesser. Julie Wieclawski, Serge Wilmes et Pierre Lorang ont beau être des visages peu connus du grand public, nos confrères de Forum avaient misé juste en les invitant. Car ce que le public a pu entendre lundi dernier à l’Exit07 ne manquait pas de piquant. Devant un parterre composé de personnes qui ont certainement trouvé le chemin de l’Exit07 pour la première fois de leur vie, les trois ont déballé leurs soucis et leurs critiques. C’était Julie Wieclawski, membre du comité national de la CSJ, qui a été la plus dure avec son parti en se disant choquée de la façon avec laquelle le CSV avait traité ses coalitionnaires pendant les dernières décennies et trouvant inacceptable la façon dont les choses se sont passées le 10 juillet dernier à la Chambre.

Mais la position de Serge Wilmes a été la plus piquante. Le député et président de la CSJ s’est en effet laissé aller à estimer que certains de ses collègues au parlement ne seraient tellement pas aptes à l’opposition, « qu’on devrait leur apprendre à penser ». Il est pourtant très probable que Wilmes avait l’une ou l’autre arrière-pensée en brusquant la hiérarchie de son parti de telle sorte. Il ne faut pas oublier que la dernière fois que le CSV s’est retrouvé sur les bancs de l’opposition, le président de la CSJ était un certain Juncker, Jean-Claude de son prénom. Et que c’est justement pendant cette période que le grand patriarche a fait ses premiers pas en tant que jeune loup en politique. On peut du moins supposer alors que les mots de Wilmes étaient moins une critique spontanée de son parti qu’un coup tactique bien choisi. Car, il ne faut pas oublier que, avant le 20 octobre, le même Wilmes n’a pas osé formuler de critiques aussi brutales – comme tant d’autres il surfait sur la vague « JCJ ».

Cette sortie des jeunes a deux hics : d’abord, ils n’ont fait qu’enfoncer des portes ouvertes, du moins pour les personnes qui ne se sont pas laissées emporter par le mirage conservateur. Et puis, rien n’est moins sûr que la réussite de la cure de jouvence qu’ils veulent prescrire au CSV. Le problème réside dans les décennies Juncker : en modernisant de force le CSV, il en a fait disparaître l’essence conservatrice, transformant le parti en une simple machine à pouvoir – une des raisons aussi de son éviction du gouvernement. En conséquence, les jeunes attirés par le CSV le sont probablement plus par opportunisme carriériste que par une conviction conservatrice. Ce qui, quand la machine à pouvoir est à l’arrêt, risque d’en détourner plus d’un.

Et il y a plus. En plus des incohérences de la jeunesse conservatrice, le moteur du grand CSV semble être bloqué. En tout cas, les mises en scène du pouvoir ne lui réussissent plus, comme on a pu le voir cette semaine. Alors que le Wort et certains membres du CSV avaient déjà préparé le terrain pour la grande nouvelle : Juncker accepte le poste de chef de fraction à la Chambre, ce mercredi à l’issue d’une réunion de la fraction conservatrice – il n’en fut rien. Que s’est-il passé ? On ne le saura probablement pas, vu que la culture du secret semble prévaloir dans les hautes sphères du CSV, comme le montre la réaction de Michel Wolter aux avances des jeunes de la CSJ : « La discussion critique doit avoir lieu derrière des portes closes. » Une revendication qu’il ferait mieux d’appliquer aussi à lui-même, car s’adresser, comme il l’a fait ce jeudi, à un député de déi Lénk fraîchement élu, avec : « Salut, trou du cul » – on s’en serait bien passé.


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