Olivier Messiaen est un des grands compositeurs du 20e siècle. Trois concerts du festival d’Echternach lui seront entièrement consacrés, permettant de cerner les différentes dimensions de son oeuvre.
Un motif de quatre notes finissant sur un accord dans le registre grave de l’orgue. Par-dessus cet accord, s’élance une sorte de fanfare qui emplit l’espace. Le motif est répété plusieurs fois, la fanfare est variée à chaque reprise et prend des accents de plus en plus triomphants. Difficile de ne pas être touché par l’exaltation de cette musique. Olivier Messiaen, qui aurait eu cent ans cette année, est sans aucun doute un des compositeurs pour orgue les plus intéressants et les plus abordables à la fois. Or, le titre du morceau décrit ici, « Joie et clarté des corps glorieux », pourrait en rebuter plus d’un – il s’agit d’une des sept méditations sur la résurrection de l’âme, intitulées « Les corps glorieux ». Pourtant, pas besoin d’être théologien, ni même croyant, pour apprécier la musique de Messiaen – il suffit d’un peu de concentration et d’ouverture d’esprit.
Le festival d’Echternach offre l’occasion d’entendre sa musique en concert, avec une première performance de l’organiste Almut Rößler, experte de ce répertoire, le jeudi 5 juin. Le lendemain, la musique de chambre de Messiaen sera à l’honneur, avec les « Visions de l’Amen », pour deux pianos, et le « Quatuor pour la fin du temps », pour piano, violon, violoncelle et clarinette. Cette dernière oeuvre compte parmi les plus célèbres, en partie aussi à cause des circonstances de sa composition : en 1940, le compositeur est fait prisonnier et interné à Görlitz. C’est là, dans le Stalag VIII-A, que l’oeuvre est jouée en janvier 1941, devant un auditoire de prisonniers émus et enthousiastes à la fois. L’inspiration est, là encore, religieuse – l’Apocalypse de Saint-Jean, choix compréhensible au vu des circonstances.
Dans le troisième mouvement du quatuor, « Abîme des oiseaux », on retrouve un autre élément constitutif du langage musical de Messiaen : les oiseaux. Le compositeur ne s’est pas contenté de reprendre vaguement leur chant dans ses oeuvres, mais a suivi une formation d’ornithologue. Il a passé des semaines à transcrire les voix des différentes espèces, allant jusqu’à composer un « Catalogue d’oiseaux » pour piano, dont l’enregistrement remplit trois CD. Le fruit de ce travail se retrouve dans de nombreux morceaux, par exemple dans « Force et agilité des corps glorieux » pour l’orgue ou dans l’« Amen des anges, des saints, du chant des oiseaux » pour deux pianos.
Plus généralement, l’amour de la nature est chez Messiaen une façon de glorifier son Dieu et créateur. Cela est apparent dans une composition comme « Des canyons aux étoiles », commande pour le bicentenaire des Etats-Unis en 1976. Des titres comme « Cedar Breaks et le don de crainte » ou « Zion Park et la Cité céleste » parlent pour eux-mêmes. Cette oeuvre, longue d’une heure et demie, mais assez variée, sera à l’affiche à Echternach le 27 juin, avec l’orchestre philharmonique du Luxembourg sous Karl-Anton Rickenbacher et le pianiste Roger Muraro.
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