CRISE FINANCIÈRE: La fin de l’homo economicus

Le monde est devenu fou. Les Etats-Unis se voient accusés de « socialisme financier », et les banquiers européens tiennent les consommateurs pour responsables de la crise actuelle. Une folie qui trahit le caractère idéologique de notre système économique.

Le capitalisme de marché
est un loup pour l’homme.
Soupe populaire aux Etats-Unis, après la grande crise de 1929.

Les grandes crises, à travers l’effondrement de systèmes jusque-là considérés comme fonctionnels – et donc à l’abri d’interrogations critiques – ont un effet salutaire. Ainsi la libéralisation financière, longtemps à la base des « success stories » de petits et grands spéculateurs, et encensée par une majorité d’économistes peu scrupuleux ou simplement myopes, révèle ces jours-ci sa véritable nature : celle d’une pure construction idéologique.

Bien sûr, il y a ceux qui estiment que le système est bon, et qu’il n’a fait que déraper un peu. Ainsi le président français Nicolas Sarkozy a demandé qu’on sanctionne les responsables de la présente crise. La vigueur de cette critique ne sert qu’à masquer son refus de remettre en question la logique libérale qui prévaut depuis une vingtaine d’années. On punira les coupables, et la machine continuera à tourner comme avant.

Or, qui sont les coupables ? C’est là que les avis divergent. Certes, on trouvera bien des fautifs pour avoir trafiqué un bilan ou « mis de côté » une cagnotte avant de faire faillite. Mais ce ne sont pas eux qui ont créé le problème des prêts à risque élevé et de leur dissémination, au nez et à la barbe des instances de contrôle, dans l’ensemble de la finance mondiale. Et ce ne sont pas eux qui avanceront l’argent nécessaire aux actions de sauvetage de la finance mondiale, mais bien les Etats, et donc la collectivité.

D’autres réquisitoires donnent dans l’absurde, trahissant le désarroi des chantres des marchés financiers. Ainsi un commentateur de la radio RTL a estimé que les instances de contrôle étaient coupables : leurs régulations auraient été trop peu innovantes par rapport à l’inventivité permanente de l’ingéniérie financière – nécessaire à ses yeux au développement du système.

Le comble a été atteint par le représentant des banquiers européens Giuseppe Zadra accusant tout simplement … les consommateurs. Ainsi, les Américains qui ont contracté des crédits hypothécaires difficilement remboursables auraient tout simplement manqué de « bon sens ». Ce ne serait pas aux banques de mieux informer leurs clients, mais à ces derniers de développer leur sens des affaires.

Or, d’une certaine manière, Zadra a visé juste. Gérer le monde à travers des marchés de produits et de capitaux est une merveilleuse utopie, qui conduit à des résultats optimaux si tous les acteurs se conforment à la logique du système. Hélas, la logique humaine est différente. La personne à revenus modestes qui a besoin d’un logement ne prendra pas la décision prévue par les théoriciens libéraux, mais craquera pour le prêt pourri qu’on lui propose.

A-t-elle tort, comme l’insinue Zadra ? Un système de gouvernance, le capitalisme de marché, qui exige des humains de s’adapter à sa logique, à l’encontre de leur nature, peut-il être considéré comme une panacée ? Oui, répondront les utopistes libéraux, qui mettent l’idéologie au-dessus de la réalité humaine. Non, répondront les humanistes, et refuseront de continuer à se soumettre à la logique libérale.


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