En examinant les résultats à mi-parcours du gouvernement, le Mouvement écologique alterne compliments et critiques. Alors, ce Mecoskop, trop gentil ou trop sévère ?
Vous pensez que le gouvernement précédent a fait du bon travail ? Alors, réjouissez-vous ! La coalition actuelle fait encore mieux, si l’on en croit le bilan à mi-parcours dressé par le Mouvement écologique. « Ça bouge plus [par rapport à 2011] », a constaté l’ONG le 4 juillet, et, mis à part le domaine de l’agriculture, « la réalisation de toute une série de promesses gouvernementales a été entamée ». Ainsi, sur 114 mesures décortiquées sur le site bilingue mecoskop.lu, seules 23 n’ont pas du tout été abordées, 68 se trouvent en cours de préparation, tandis que 23 sont arrivées à un stade avancé ou ont été transposées.
Mais le Mouvement ne serait plus lui-même s’il ne mettait pas un gros bémol : « Aussi louables que soient les actions dans un certain nombre de domaines, on a de plus en plus le sentiment que, comme les autres, ce gouvernement-ci n’aborde pas de manière suffisamment conséquente des mises en question plus fondamentales – qui sont en fait décisives pour la capacité d’agir politiquement. »
Oui, les petits cantonniers se démènent, mais ils ne vous ont jamais promis la révolution.
En premier lieu, c’est l’absence de discussion sur l’avenir du Luxembourg et de son modèle social et économique qui gêne les écologistes. La politique d’aménagement du territoire viserait avant tout « à organiser le mieux possible une croissance continue », sans qu’on puisse déceler la volonté de réguler cette croissance. Le Mouvement écologique réclame – ce n’est pas nouveau – la mise en œuvre d’un large débat public sur l’évolution souhaitable du Luxembourg, abordant des questions comme celle du 1,2 million d’habitants. D’autres déficiences sont signalées, notamment du côté de la réforme fiscale – qui ne serait pas vraiment placée sous le signe du développement durable – et du côté de la participation politique.
Trop sévères, les écolos de la société civile, à dénoncer les insuffisances du gouvernement bleu-rose-vert ? Ce n’est pas si sûr. Ainsi, l’amélioration des transports en commun et la promotion de la mobilité douce reçoivent des notes relativement bonnes – un point de vue que ne partageront pas de nombreux usagers des transports en commun déficients et des piétons et cyclistes mécontents d’être les parents pauvres de l’espace public. En relevant ne fût-ce que le moindre demi-pas en avant, le Mecoskop serait-il donc trop gentil ?
Ce serait ignorer les subtilités du système d’évaluation mis en place par le Mouvement. Certes, il suffit que la transposition soit « en cours de préparation » pour que l’évaluation – symbolisée par un cantonnier devant un tas de gravier – passe du rouge à l’orange. Mais tant que le chantier n’est pas achevé, il n’y aura pas de cantonnier vert au repos. De surcroît, pour certaines mesures, le Mouvement ajoute des smileys indiquant aussi son opinion sur la qualité de la transposition. Et met en garde : « Il se peut que – même si la transposition d’une promesse fut exécutée rapidement – la promesse une fois réalisée s’avère très problématique. » Un exemple ? Le plan de développement rural, récemment transposé, obtient un cantonnier vert, mais un smiley orange et « not amused », car « pour ce qui est des questions fondamentales, le PDR ne répond pas aux attentes inhérentes au concept d’une agriculture durable ».
Enfin, n’oublions pas que le Mecoskop ne mesure pas le degré de développement durable en termes absolus. Il se réfère aux promesses d’un programme gouvernemental qui est déjà le produit de nombreux compromis et renoncements. Ainsi, la triple coalition n’a jamais sérieusement envisagé de révolutionner notre modèle de consommation ou de mettre en place un Green New Deal. Et que dire du tourisme à la pompe et plus généralement des niches économiques malsaines et peu durables ? Oui, les petits cantonniers se démènent, mais, non, ils ne vous ont jamais promis la révolution.