L’exposition « Amis-ennemis. Mansfeld et le revers de la médaille » explore le 16e siècle au Luxembourg. Une époque peu connue du mythe national… et pour cause.
Le 16e siècle en Europe, et surtout dans nos contrées, est une époque plutôt noire : les guerres de religion et de pouvoir font rage, la population paysanne et citadine est à la merci des soldats ou mercenaires et l’humanisme n’en est qu’à ses balbutiements. Dans les conflits de la guerre de Quatre-Vingts Ans qui opposait les Provinces-Unies (à peu près le Benelux de nos jours) à la couronne madrilène, le futur grand-duché ne jouait qu’un rôle marginal. En fait, il était le seul à ne jamais pencher du côté des protestants, restant toujours fidèle à l’Église-mère.
Une des raisons est que le Luxembourg de l’époque était une région extrêmement pauvre et coupée du monde. Les provinces du Nord profitaient du port d’Anvers et de la cour de Bruxelles et jouissaient donc non seulement d’une meilleure santé économique, mais aussi d’un accès privilégié à la culture et au savoir. Mais il restait au Luxembourg sa forteresse, base arrière précieuse dans les conquêtes et reconquêtes des différents seigneurs pendant les conflits qui s’éternisaient. Une base qui a été attribuée à Pierre-Ernest de Mansfeld, gouverneur du duché de Luxembourg de 1566 jusqu’à sa mort en 1604.
En homme de son temps, Mansfeld (d’ailleurs né à Heldrungen en Thuringe) a aussi fait l’expérience de plus d’un changement d’alliance avant de trouver une place stable auprès de la couronne espagnole. Plus précisément auprès de Marguerite de Parme, la sœur du roi d’Espagne (et fervent catholique) Philippe II. Au cours des intrigues de cour et de pouvoir, Mansfeld, habile diplomate, mais aussi assidu sur les champs de bataille où il mène ses reîtres allemands tout comme ses mercenaires wallons, réussit toujours à se maintenir du bon côté du pouvoir. Il est à parier que ses cinq années d’emprisonnement au début de sa carrière, quand il tomba en disgrâce auprès de Charles Quint, le prédécesseur de Philippe II, lui servirent de leçon. Et pas seulement de pénitence : il en profita pour s’initier aux arts de la reliure et de l’architecture – posant ainsi les jalons de son château situé à Clausen, qui a été dépouillé au fil des siècles, de sorte qu’il n’en restait plus rien au début du 19e siècle. Même si le site fait depuis plusieurs années l’objet de tentatives de reconstruction (virtuelles entre autres) et de l’intérêt des archéologues.
Mais ce n’est pas de son beau château Renaissance que cette exposition parle, même si un modèle en bois y est présenté, tout comme une ribambelle de reproductions d’époque. Les pièces proposées sont des médailles. Le titre de l’exposition n’étant pas une forme rhétorique, puisque celles-ci sont légion. Prêtées par la Bibliothèque royale de Belgique dans le cadre du 500e anniversaire de la Renaissance, et aussi de l’Année européenne du patrimoine culturel, elles reflètent non seulement leur époque, mais aussi ses goûts et ses préoccupations.
Ainsi, dans ces petits objets brillants, ciselés pour la plupart par le médailleur Jacques Jonghelink, on peut lire les alliances et les fidélités des seigneurs de guerre de l’époque tout comme leurs idées – où perce chez quelques-uns déjà une prédilection pour l’humanisme et l’école d’Érasme.
Tout ça fait d’« Amis-ennemis. Mansfeld et le revers de la médaille » une exposition fort instructive sur une époque injustement méconnue – car trop complexe et difficile à intégrer dans le glorieux mythe national – qui vaut le détour.
Au musée Dräi Eechelen, jusqu’au 21 octobre.
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