Vers une politique culturelle avant tout symbolique. C’est ce qu’on retiendra des résultats du sondage sur « l’importance de la culture dans la société luxembourgeoise » présenté cette semaine.
Plus connu que Fausti et Thierry Van Werveke. S’il y a un grand vainqueur du sondage sur la consommation culturelle présenté mardi dernier par le premier ministre et ministre de la Culture, Xavier Bettel, c’est bien Serge Tonnar. Pour le reste, le résultat est plutôt mitigé. Neuf pour cent seulement des personnes interrogées ont flatté l’ego du troubadour national, tandis que 44 pour cent n’ont pas su évoquer un seul nom d’artiste grand-ducal – non, le sondage a aussi révélé la relation paradoxale que les résidents luxembourgeois entretiennent avec leur scène culturelle.
Ainsi, si 92 pour cent de la population interrogée est d’avis que le pays a une « culture propre » et qu’il n’a pas à rougir devant ses voisins, seuls 21 pour cent disent « profiter beaucoup » de l’offre culturelle du grand-duché. Au-delà du fait que même le dernier plouc venu vous dira qu’il est fier de « sa » culture si on le lui demande dans un sondage, se pose la question de l’acceptation de la scène culturelle et de son implantation dans la société.
Même le dernier plouc venu est fier de sa culture
Certes, seule une minorité pense que la culture n’est réservée qu’aux élites, mais dans le même temps la majorité associe le terme culture à la tradition, suivie par la langue et le patrimoine. Cela démontre avant tout que l’évocation de la culture en soi n’est pas vraiment associée aux institutions en place, mais à la vague idée d’une identité nationale.
Par contre, ce qu’il est intéressant de noter, c’est que 53 pour cent des sondés plaident « clairement pour une contribution plus importante de la part des entreprises privées et des mécènes » dans le financement de la culture. Il semble donc que la libéralisation de la culture soit déjà entrée les mœurs (woxx 1372). Même si le secrétaire d’État à la Culture, Guy Arendt, a assuré que le mécénat n’était vu que comme une source d’argent complémentaire par son ministère, il reste la question des garde-fous.
Car si le mécénat avance rapidement dans le financement de la culture, jusqu’à présent aucune instance de surveillance de cette tendance n’existe. Pourtant, les exemples à l’étranger existent, tandis qu’ici la question de l’indépendance de la culture face aux entreprises et aux tentatives de « whitewashing » de celles-ci ne se pose pas encore.
Et tout ça donc pour mieux préparer les fameuses assises culturelles. À en regarder le programme plutôt maigre, on est en droit de douter que ce rendez-vous soit vraiment aussi « incontournable » que le ministre l’a fait savoir à nos confrères du « Wort ».
De toute façon, le ministère lui-même, qui devra se charger de l’évaluation de ces discussions, n’est pas près d’être soulagé dans sa charge de travail. D’après nos sources, l’information publiée par le Land de la semaine dernière, selon laquelle le poste du premier conseiller Bob Krieps, vacant à partir de fin juillet, ne serait pas occupé est vraie. Mais en plus, Bettel et Arendt planifieraient une réorganisation en cabinet sur le même modèle que le ministère d’État.