Dans l’imbroglio autour du personnel de sécurité privé payé par la commune de Luxembourg pour patrouiller autour de la gare et dans la Ville-Haute, une partie de l’opposition vient d’envoyer une missive à la ministre de l’Intérieur.
Depuis plus d’une semaine, c’est une réalité : les employés de GDL Sécurité patrouillent dans la capitale et surtout dans le quartier sensible de la gare – fraîchement raccordé au réseau de tramway. Alors qu’au début, ce n’était probablement qu’une façon de ne pas devoir rompre le contrat avec cette société qui avait déjà été engagée pour protéger le marché de Noël, le nouveau lieu de mission a encore une fois ravivé la polémique autour des problèmes de vente et de consommation de drogues dans ce quartier.
Comme d’habitude, les adeptes – bourgeois-es – du tout-répressif, qui clament que cette présence serait nécessaire pour donner un « sentiment de sécurité » aux citoyen-ne-s et continuent à demander plus de police, plus de caméras et plus de moyens d’expédier la misère au-delà des frontières de « leur » ville, s’opposent à celles et ceux qui savent que cette problématique est bien plus complexe et nécessite une coopération à tous les niveaux.
Quoi qu’il en soit, deux conseillères et un conseiller de l’opposition – Christa Brömmel pour les Verts, Cathy Fayot pour le LSAP et Guy Foetz pour Déi Lénk – viennent d’adresser une lettre ouverte à la ministre de l’Intérieur, la socialiste Taina Bofferding. Ils y font la démonstration de l’illégalité de la mission que la Ville de Luxembourg a confiée à ces agents de sécurité : ils évoquent notamment l’article 97 de la Constitution, qui veut que « l’organisation et les attributions des forces de l’ordre font l’objet d’une loi ». Et y opposent la loi de 2002 sur le gardiennage, qui ne prévoit justement pas d’attribuer des activités de patrouille à des firmes privées. Pour enfoncer le clou, un rappel de la loi de 2018 sur la police est ajouté, précisant que c’est aux agents de la police – qui ont prêté serment sur la Constitution – de remplir ces missions et à personne d’autre.
Finalement, Fayot, Brömmel et Foetz demandent à la ministre d’« intervenir auprès du collège des bourgmestre et échevins de la Ville de Luxembourg afin qu’il se conforme à la Constitution et à la loi et qu’il mette fin sans délai à cette convention aussi anticonstitutionnelle qu’illégale ». La balle est dès lors dans le camp de la ministre, qui ne devra pas uniquement affronter la bourgmestre libérale de la capitale avec ses coalitionnaires conservateurs, mais aussi expliquer ce qu’elle voudra bien faire avec la Ville de Differdange, qui emploie des patrouilleurs-euses privé-e-s depuis des années.