Le TalentLAB 2020 est, comme toutes les autres manifestations culturelles, marqué par la pandémie. Pourtant, au lieu de laisser les rideaux baissés, le millésime est étendu sur un mois de rencontres virtuelles, malheureusement un peu trop exclusives.
Une annulation pure et simple ne semble pas avoir été une option. Le TalentLAB, ce n’est pas les Walfer Bicherdeeg, qui même s’ils n’ont lieu qu’à l’automne ont été rayés des calendriers. C’est que la cinquième édition de la manifestation théâtrale semblait trop importante pour qu’on la laisse tomber. Et sûrement que la valeur symbolique d’une telle reprise en plein déconfinement est aussi un signe de résistance par la simple présence de la programmation, alors qu’on ne sait pas encore trop comment et quand la culture pourra reprendre ses droits ou quand les aires de jeux du théâtre et de la musique pourront rouvrir.
De plus, une édition en ligne a un grand avantage : pas besoin de libérer des soirées pour telle ou telle manifestation, la plupart des éléments sont consultables à tout moment de la journée. Donc, aussi les pièces et discussions qui ont déjà eu lieu. On regrettera cependant un certain éparpillement des chaînes vidéo, certaines étant sur Facebook Live, d’autres sur la chaîne YouTube des Théâtres de la Ville de Luxembourg. Pour s’orienter, mieux vaut consulter exactement le dépliant, aussi pour savoir quelle manifestation s’adresse au grand public et quelle autre reste réservée aux professionnel-le-s. On peut regretter qu’une fenêtre d’opportunité soit restée fermée sur ce point, car ouvrir au grand public ce qui se passe derrière les coulisses aurait pu l’aider à mieux comprendre la situation difficile du théâtre et des gens qui le font.
Ainsi, les discussions virtuelles des semaines à venir, le 17 juin sur « Communiquer en temps de crise, et après ? » en collaboration avec la Theaterfederatioun, le 24 juin sur « Theater im Zeitalter der Digitalisierung » et les 1er et 3 juillet sur « La mobilité des artistes en temps de pandémie. Enjeux et défis » ainsi que « Vers des ‘États généraux’ de la culture » sont toutes réservées au personnel « d’institutions nationales et internationales ». On a peine à voir où aurait été le mal à ouvrir ces sessions à un public plus large – même si on aurait pu restreindre le cercle de celles et ceux qui peuvent prendre la parole. Surtout qu’il y a des invité-e-s de marque : Pierre Audi, le directeur du festival d’Aix-en-Provence, et Heidi Wiley, la directrice de l’European Theatre Convention, le réseau des théâtres publics en Europe, discuteront donc entre pros. Une seule session sera présentée sur la chaîne des Théâtres de la Ville de Luxembourg, celle de ce vendredi soir, où Anne-Cécile Vandalem, metteuse en scène, autrice et actrice belge multirécompensée, discutera avec l’actrice luxembourgeoise Elisabet Johannesdottir du théâtre en mode confiné
Le grand public peut pourtant se rabattre sur les vidéos en ligne des discussions et des pièces montées pour les éditions précédentes. Ainsi, les résultats de l’« International Writers Project » de l’édition 2018, avec des pièces de Claire Thill, Stef Smith, Rafael David Kohn et Charlene James, seront visibles sur l’internet, tout comme des tables rondes qui ont marqué les éditions des dernières années. Le tout sera couronné par une grande rétrospective « TalentLAB in the Making », divisée en deux parties montrées les 27 et 28 juin.
Face au désarroi provoqué par la pandémie et le confinement, ce TalentLab est à considérer comme la première réplique d’une scène théâtrale qui, déjà avant le passage de la Covid-19, constituait un secteur bouillonnant forcé de se réinventer en permanence. Avec la crise, cette réinvention a certes pris d’autres dimensions et directions. Bref, on est curieux de voir la suite.