Le livre qui a provoqué l’affaire Matzneff en France n’est pas un bouquin écrit à la va-vite dans l’intention de choquer et de vendre, mais une rédemption par l’écriture et une purification juste.
Est-il possible d’enfermer un ogre dans une prison de papier ? Avec « Le consentement », l’éditrice et auteure Vanessa Springora prouve que oui. Son ogre à elle, c’est l’écrivain Gabriel Matzneff, avec qui elle a entretenu une relation quand elle n’avait que 14 ans. Matzneff, le « grand écrivain », ami du président Mitterrand, a choisi sa victime sans scrupules. Springora vivait seule avec sa mère, le père était absent et avait grandi dans un milieu de la bohème intellectuelle de la capitale – elle connaissait donc les mœurs plutôt libres et ne s’en offusquait pas.
Pourtant, ce que Matzneff a fait subir à sa jeune amante ne peut être décrit autrement que par le mot d’abus. Il l’isole petit à petit de ses ami-e-s, de sa famille, pour l’enfermer dans sa bulle. Essaie de l’éduquer juste pour lui plaire et surtout la rend accro à ses marques d’amour, dont il connaît le dosage parfait – comme il le décrivait dans ses carnets et livres sulfureux, qui faisaient le bonheur délicat d’une certaine élite germanopratine.
Mais « Le consentement » est plus que la description d’un rapt exécuté avec finesse psychologique et porté au niveau d’œuvre d’art par son exécutant. C’est avant tout l’histoire d’une jeune fille désorientée qui sait que ce qu’elle fait est faux, mais qui est toutefois prête à mourir pour protéger l’homme qu’elle aime. Qui se couvre les yeux, se bouche les oreilles et se fait déscolariser juste pour vivre cet amour. Et qui avec le temps tentera de se frayer un chemin hors de cette emprise.
On ne ressent pas vraiment de la haine entre les lignes de Vanessa Springora ; de petits moments d’empathie apparaissent même çà et là : quand elle évoque, par exemple, le fait que son bourreau lui-même a été approché très jeune et « éveillé » à la sexualité. Ou quand elle donne son analyse sur le caractère infantile de Matzneff, qui serait incapable de ressentir les émotions d’un adulte et de se comporter comme tel, et qui donc reste enfermé à tout jamais dans une psyché d’ado.
L’affaire Matzneff, qui est en train de nettoyer à fond la scène intellectuelle parisienne, n’aurait pas pu être lancée avec un meilleur livre que « Le consentement ».
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