Question mariages mixtes, les Luxembourgeois-es sont discriminé-e-s par rapport aux ressortissant-e-s de l’UE. Et ce sont surtout les femmes non-communautaires qui en souffrent.
On pourrait se réjouir que, pour une fois, ce sont les Luxembourgeois et Luxembourgeoises qui sont discriminé-e-s.
Il est question de mariages mixtes, une situation éclairée lundi dernier par l’Asti à la presse. En cas de mariage d’une personne luxembourgeoise avec une autre personne ressortissante de l’UE, ou de deux personnes ressortissantes de l’UE résidant au Luxembourg, il n’y a pas de restrictions quant à l’accès à l’emploi.
En ce qui concerne les mariages entre communautaires non-luxembourgeois et non-communautaires, le Luxembourg a brandi haut et fort les principes de la „forteresse Europe“ … jusqu’au 27 juin dernier. Avant cette date le/la conjoint-e originaire d’un pays tiers était relégué-e dans le régime des permis de travail. Un couple s’est adressé au tribunal administratif luxembourgeois, qui lui a donné raison, fin juin donc. Le gouvernement luxembourgeois n’a pas fait appel et accepte ainsi de donner aux conjoint-e-s non-communautaire accès au marché de l’emploi.
Reste encore un cas: les Luxembourgeois-es marié-e-s à des personnes non-communautaires. Et là le Luxembourg fait à nouveau preuve d’une attitude plus que pointilleuse. C’est que l’importance du paragraphe est bien ancrée dans les petites têtes qui font apparemment les administrations luxembourgeoises.
En effet, les personnes non-communautaires mariées à des Luxembourgeois-es restent à l’écart du marché de l’emploi pendant trois ans et doivent passer par le système laborieux des permis de travail. (Deux cas sont actuellement en instance de jugement.) L’argumentation invoquée? Un-e Luxembourgeois-e n’utilise pas son droit à la libre circulation dans ces cas de mariage, puisqu’il est resté au Grand-Duché. Et le jugement du tribunal administratif ne s’applique qu’en cas de libre circulation. Il doit être fier, celui qui a trouvé ça …
Nous disions donc que, pour une fois, l’on pourrait se réjouir que ce soient les personnes de nationalité luxembourgeoises qui en souffrent. Mais, en fait, les victimes de cette pratique ne sont que rarement des personnes luxembourgeoises. Ce sont les ressortissant-e-s de pays tiers et surtout les femmes non-communautaires qui en souffrent.
Déjà fin avril, à l’occasion de la procédure de régularisation, le Cid-femmes avait rendu attentif à des discriminations manifestes liées au sexe: „Si les conjoints divorcent ou se séparent avant la troisième année de mariage, la femme, faute d’autorisation de séjour individualisée et de ressources propres suffisantes, se retrouve facilement avec un ordre de quitter le territoire luxembourgeois. […] Dans les cas fréquents où l’épouse est soumise à des pressions et des actes de violence de la part de son mari, elle ne se défendra pas pour ne pas courir le risque de perdre son autorisation de séjour provisoire. Pire encore! Une femme ayant quitté le domicile conjugal pour cause de violence subie est doublement punie. En effet, elle se voit refuser l’accès aux maisons pour femmes battues si elle n’est pas en possession de papiers – donc d’une autorisation de séjour – valables!“ (cf. woxx du 4. 5. 2001)
Difficile de comprendre ce que le Luxembourg estime avoir comme avantage avec de telles pratiques. Protéger le marché de l’emploi? Eviter les mariages blancs? Vu le pourcentage probablement minime de mariages entre personnes luxembourgeoises et non-communautaires, l’obstination luxembourgeoise ne fait preuve que d’une petitesse d’esprit malheureusement typique.
Un commentaire de Germain Kerschen