M. NIGHT SHYAMALAN: Un air suicidaire

Dans son nouveau film « The Happening », M. Night Shyamalan essaie encore et toujours de duper les spectateurs – mais cette fois, il en fait définitivement trop.

Ils attendent la mort, mais en bons Américains…

Ecrire une critique d’un film de M. Night Shyamalan est toujours un exercice ingrat, car il faut surtout et avant tout éviter de donner ne serait-ce le moindre indice sur la fin de l’histoire, qui, comme le veut la règle, renverse encore une fois toute la narration.Essayons tout de même, même si cette fois, les choses se présentent sous un angle un peu différent.

L’histoire commence par une catastrophe de grande envergure. Comme toujours, c’est New York qui est touchée en premier. Une règle immuable du show-business veut apparemment que ce soit la grande pomme qui se fasse réduire en pièces soit par un dinosaure muté, un gorille un peu trop grand, des extraterrestres, se fasse submerger par des vagues d’eau ou de froid ou que des virus éradiquent sa population. Bref, cette ville a tout vu et « The Happening » rajoute juste une nouvelle perle à ce collier de catastrophes. Cette fois, point de brutalités sanglantes à première vue, mais des phénomènes étranges. En pleine promenade dans le Central Park, les gens se mettent soudainement à ne plus se comprendre et à s’arrêter en pleine allée verdoyante. Les images de joggeurs et promeneurs qui restent sidérés, comme suspendus dans le temps, sont assez époustouflantes. Mais voilà que le drame collectif arrive : les gens se mettent à se suicider. Comme si toute pulsion de vie ou de survie aurait cessé de fonctionner ou se serait même totalement retournée en son contraire. Le gouvernement américain – redoutant une attaque terroriste – se met à évacuer la ville. Mais où fuir ?

Le problème est que plus les réfugié-e-s avancent, plus ils découvrent qu’ils ne sont pas les seuls à succomber à ces soudaines pulsions suicidaires. Parmi eux, on trouve Elliott (Mark Wahlberg) et Alma (Zooey Deschanel) ainsi que Jess (Ashlyn Sanchez), leur nièce. Couple en crise, deux êtres taciturnes qui n’ont plus grand-chose à se dire mais qui doivent rester ensemble pour survivre et bien évidemment retrouver leur amour en essayant d’échapper à la mort. Ce scénario est trop connu pour vraiment faire la différence avec d’autres films du même genre. Quant à la menace elle-même, elle reste aussi mystérieuse du début jusqu’à la fin. On ne sait pas s’il s’agit d’une attaque terroriste de la dernière génération, d’une revanche de la nature ou encore d’un phénomène extraterrestre. En tout cas, la catastrophe doit avoir vu une belle panoplie de films d’horreur pour poursuivre un tel scénario et voter républicain – pourquoi sinon ne s’attaque-t-elle qu’au nord de la côte est, le fief des démocrates ?

Mais blague à part : M. Night Shyamalan déçoit à plus d’un titre. Déjà qu’après « The Village », son avant-dernier film, on s’était attendu à quelque chose de plus passionnant que le gimmick du renversement à la fin, prévisible comme chez un magicien à la foire. Cette fois-ci, il démontre clairement qu’il peut faire pire. En employant – sans les subvertir – plein de clichés pris du cinéma américain, il démontre qu’il a bien atterri à Hollywood et qu’il en respecte désormais les codes. Les quelques clins d’oeil ironiques sont tellement voyants et plats qu’ils ne parviennent pas à masquer le fait principal : M. Night Shyamalan a voulu tourner un vrai film de catastrophe et c’est devenu une vraie catastrophe. Dommage que cette fois-ci, c’est plutôt dans la vraie vie, et moins dans le film, que le renversement final a lieu.

The Happening, à l’Utopolis


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