Les hauts-fourneaux A et B de Belval seront donc finalement sauvés. Le projet de loi a été adopté mardi. Si le principe est bon, il reste des tâches d’ombre quant à l’exécution du projet.
En bon et loyal soldat de l’ADR, Fernand Kartheiser n’a pas eu le choix. Il a dû fustiger le projet de sauvetage des hauts-fourneaux, en les traitant de « pipes enrouillées » – signe que son parti n’a toujours rien compris à la culture industrielle et à son patrimoine. Mais excepté ces couacs, plus pénibles pour leur auteur que pour les auditeurs visiblement amusés, l’ambiance avant et pendant le vote du projet de loi 6065 était d’une rare unamité. Après l’introduction du rapporteur Marc Spautz – qui, citant même Maurice Ravel, a décliné une véritable ode à ces monuments historiques – les député-e-s qui se sont succédées à la tribune étaient tous d’accord pour voter cette loi qui encadre enfin le sauvetage de ce qui reste des vestiges industriels du Sud du pays.
Les investissements restent énormes, malgré le « saucissonnage » du projet qu’avait déploré le Conseil d’Etat : 27 millions d’euros en tout. Même sans le centre national de la culture industrielle (CNCI) – qui est remis à une phase ultérieure, comme promis dans une motion votée par toute la Chambre, à l’exception bien sûr de l’ADR – les coûts sont énormes par rapport à des projets similaires déjà réalisés comme à Uckange (1,6 millions d’euros).
Le ministre du développement durable et des infrastructures Claude Wiseler a avancé quelques explications à ce sujet. Selon lui, le projet des hauts-fourneaux A et B serait différent de ceux réalisés chez nos voisins : il ne s’agirait pas uniquement d’une opération de maintien, mais plutôt d’une intégration de ces bâtisses dans le concept de la cité de Belval. Entendez par-là qu’il faut sécuriser les hauts-fourneaux tout en garantissant leur future accessibilité aux classes scolaires et – pourquoi pas ? – aux touristes. Et cela de façon à ce que tous les niveaux puissent être visités afin que le public en saisisse aussi le fonctionnement. Chose d’autant plus nécessaire que le CNCI ne sera pas construit de sitôt.
Pourtant, le ministre n’a pas su répondre clairement à certaines questions soulevées par les députés – comme celle du financement détaillé. Restant vague dans ses réponses, il a tout de même proposé de publier régulièrement les avancements de façon officielle. Toutefois, il a répondu à la question posée en février 2010 par le Mouvement écologique et l’association des amis des hauts-fourneaux A et B concernant l’argent rentré par la valorisation des déchets obtenus jusqu’ici par les travaux de démolition sur le site : c’est le Fonds Belval qui a reçu cette manne.
Y a-t-il vraiment une raison de se réjouir ? Certes, le sauvetage des hauts-fourneaux est dès à présent gravé dans le marbre, mais cette loi s’est faite attendre longuement et ne respecte pas toutes les revendications formulées par le milieu associatif. Reste donc à voir à quoi ils ressembleront dans quelques années.