Une fois n’est pas coutume, un des plus grands festivals messins va faire escale au Luxembourg : La Kulturfabrik abritera cette année la première journée du festival Zikametz.
La Grande Région, c’est un terme utilisé à outrance, et ce particulièrement dans le domaine culturel, qui semble bien plus exister sur le papier que dans une réalité où les collaborations (la barrière des langues semble toujours insurmontable pour les uns, tandis que la bureaucratie fait aussi ses ravages) sont plus que difficiles à mettre en place. Le festival de musiques nouvelles Zikametz semble pourtant se défaire de toutes ces barrières : le premier jour du festival se déroule à la Kulturfabrik. Et sa programmation promet de réunir les amateurs de musique à la fois nouvelles et novatrices tout en bousculant les conventions et les petites habitudes bien rodées des salles de spectacle du pays et de ses joyeux voisins.
Pour cette première collaboration transfrontalière et la septième édition du festival, l’association messine a choisi l’enceinte confortable de la Kulturfabrik et propose pour son premier jour de festivités une programmation plutôt « cosy » entre sonorités folk et douceurs electro-pop. L’invité de marque de ce jeudi est la formation parisienne Saycet, qui vient tout juste de sortir son nouvel album « Through the Window ». Celui-ci est un petit concentré de bleep bleep électroniques et de majestueuses nappes de synthétiseur qui rappellent fortement Boards of Canada ou les Islandais de Mùm. La délicatesse et les soundscapes ultra-travaillés du multi-instrumentiste Pierre Lefeuvre font écho à la voix fluette et délicate de la chanteuse Phoene Somsavath sur des compositions qui laissent à la fois rêveur et font voyager l’auditeur dans un autre-part doux et lointain.
L’autre tête d’affiche joue également sur un registre paisible auquel le chanteur et tête pensante du groupe, Geert Van Der Veldé, ne nous avait pas forcément habitué. En effet, avant de fonder The Black Atlantic avec sa compagne Kim Jansser, il était surtout connu pour avoir été la voix du combo culte américain précurseur du metalcore/emocore, Shai Hulud, qui a influencé de nombreuses formations actuelles avec son hardcore à la fois ultra-mélodique et torturé. The Black Atlantic joue plutôt dans la grande tradition du folk-rock américain moderne, où instruments insolites viennent se frotter aux jeu de guitare subtile et à la voix douce de sieur Van De Velde dans la grande tradition des songwriters américains, évoquant la coqueluche actuelle que sont les Fleet Foxes ou bien encore Grizzly Bear, comme en atteste leur dernier opus « Reverence For the Fallen Trees ».
Pour compléter cette jolie affiche, les programmateurs ont fait appel à deux groupes locaux (l’un luxembourgeois, l’autre messin). Du côté de l’Hexagone, ce sera au tour de Birds Escape, jeune formation française qui pioche dans les sonorités vintage des années 80, et propose une musique proche des grands-frères de la French Touch tout en y incorporant une bonne dose de pop sexy. Aidé en cela par la voix délicate de leur chanteuse Lily, c’est un peu comme si les locaux de Hal Flavin avaient choisi de vivre dans un monde fait de sucreries, rappelant la pop electro des ricains de Passion Pit. La soirée débutera quant à elle sous les décibels de la formation luxembourgeoise Fracture et son noise-shoegaze aux soundscapes à la fois bruitistes et délicats rappelant autant Sonic Youth que My Bloody Valentine – très clairement l’une des bonnes surprises de cette dernière année en matière de rock made in Luxembourg.
Sans oublier que l’étape à la Kulturfabrik n’est que la première journée d’un festival proposant le samedi des pointures telles que le roi du abstract hip-hop, Sage Francis, les chiliens de Panico et leur electro-rock furieux ou bien encore des formations plus intimistes tels que les excellents Twin Pricks de Metz ou les superstars luxembourgeoises de Metro : alors allez visiter du pays et faites du bien à vos oreilles!
Le 23 septembre à la Kulturfabrik d’Esch
Plus d’infos :
www.zikamine.com
www.kulturfabrik.lu