INSTALLATION: Surfaces croisées

« Illumination Is the New Interior Sensation », l’exposition de Laurianne Bixhain pour fêter la renaissance du kiosque Aica, est un projet digne de la petite plateforme.

À vous de combiner…

Le kiosque de l’Aica (Association internationale des critiques d’art) a donc vu son premier vernissage à son nouvel emplacement, avenue Marie-Thérèse, un peu en amont de l’ancien sur la place de Bruxelles momentanément bloquée pour cause de restauration du pont Adolphe. La mouture actuelle de l’endroit offre un surcroît de visibilité aux travaux de jeunes artistes invités régulièrement, le tout dans un cadre hors des « White Cubes » muséaux et intégré dans le tissu urbain.

Et cette urbanité est probablement une des causes pour lesquelles l’Aica a choisi les travaux de Laurianne Bixhain pour la réouverture de sa vitrine artistique. Car la jeune artiste multicartes a une préférence pour l’environnement urbain et présente ici une sélection des travaux exécutés au cours d’un voyage de recherche à Chicago et d’une résidence dans la ville d’Istanbul. Attachées à des murs orange, ces images engagent un jeu de reflets intéressant et parfois même désopilant. En témoignent les réflexions des passants qui se reflètent sur le verre du kiosque et se retrouvent parfois parfaitement cadrés dans les photographies de Laurianne Bixhain.

Les motifs qu’elle propose – une façade de bâtiment, un tableau d’ampoules LED, un intérieur de voiture et un livre ouvert – laissent un grand espace à l’interprétation du spectateur, qui peut combiner, associer ou dissocier les différentes images qui existent par eux-mêmes. L’artiste se permet un jeu ambigu entre hasard et réflexion, chaque cliché exposé ayant aussi son histoire. Tout comme le titre de l’exposition « Illumination Is the New Interior Sensation », issu d’un article trouvé un peu par hasard dans une revue spécialisée américaine consacrée au monde des transports.

L’exposition fait aussi appel à un certain réalisme magique chez le spectateur et crée donc un petit univers à part. Un univers où les êtres humains sont matériellement absents, mais qu’ils ont créé eux-mêmes. En quelque sorte, Laurianne Bixhain nous montre la déshumanisation du monde par les humains. Tous les motifs se veulent rassurants, mais finalement respirent aussi une imagerie fantomatique, voire (post)apocalyptique. Intéressante dans ce contexte est aussi la photo qu’on retrouve à l’arrière du kiosque et qui est une contribution de la photographe Carole Melchior, dont Laurianne Bixhain sera aussi la curatrice d’une exposition à venir – puisque c’est bien la seule à comporter une présence humaine.

Finalement, l’artiste prend le pari du fil du rasoir entre une appréhension de l’art « anything goes » postmoderne et en fait très passée de mode et une idée de liberté de formulation qui laisse au spectateur la tâche de découvrir les connexions cachées entre les images et leur articulation dans l’espace. En tout cas, l’art de Laurianne Bixhain n’est pas servi sur un plateau d’argent.

Au kiosque de l’Aica, jusqu’au 29 mai.


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