La fin de la bataille pour l’avenir de l’usine de galvanisation de Dudelange n’est pas pour demain – le nouveau gouvernement italien ne veut pas laisser faire Arcelormittal aussi rapidement dans la reprise d’Ilva.
Décidément, l’appétit du géant de l’acier Arcelormittal pour les aciéries Ilva à Tarente en Italie n’est pas près d’être assouvi. Le nouveau gouvernement italien réunissant fascistes et populistes ne veut pas voir ce fleuron de son industrie passer sous la coupe du milliardaire indien Lakshmi Mittal aussi vite. En cause, non seulement l’éternel rengaine du « diktat » de Bruxelles (répétée par l’ADR luxembourgeois à cause des règles sur la concurrence concernant la vente forcée de l’usine luxembourgeoise en cas de rachat d’Ilva) mais également d’autres facteurs, plus compréhensibles.
Ainsi, Arcelormittal a prévu de liquider 4.000 postes sur 14.000 en cas de reprise des aciéries stratégiques italiennes – tout de même un tiers presque de la production du pays. De plus, la famille Riva, propriétaire jusqu’ici d’Ilva, est sous monitoring étatique depuis 2013 et un scandale écologique ayant provoqué la mort d’au moins 400 personnes. Une grève des ouvriers a d’ores et déjà eu lieu – même après les promesses de garder 2.500 postes pour assurer la dépollution du site contaminé. Cela fait d’ailleurs des années que la société civile est sur le sujet des violations des normes écologiques et des droits de l’homme à Tarente.
Donc, non-sympathies pour ce gouvernement mises de côté, l’État italien a plus d’une raison de ne pas apprécier cette reprise. D’autant plus que la sécurité du site et les risques de pollution de cette plus grande aciérie d’Europe ne sont toujours pas assurées. Le gouvernement italien envisage donc d’annuler l’attribution d’Ilva à Arcelormittal fin juillet – le tout sur fond de différends politiques entre les deux partis au pouvoir. En même temps que l’autorité nationale anticorruption italienne a été saisie par le gouvernement pour enquêter sur certaines dispositions – notamment des nouveaux délais de dépollution en cas de reprise.
La reprise d’Ilva et donc automatiquement celle de Dudelange n’est pas pour demain : c’est aussi ce qui ressort de deux questions parlementaires posées par les députés CSV Marc Spautz et Laurent Mosar et le député DP Gusty Graas. Dans sa réponse, le ministre de l’Économie Etienne Schneider ne veut pas spéculer sur les possibles firmes intéressées par la reprise de l’usine de la « Forge du Sud », alors que des noms circulent déjà (entre autres NMLK, Salzgitter SsAB – en combinaison avec des usines à Flémalle et Tilleur en Belgique). Et Schneider de conclure qu’au cas « où la reprise d’Ilva par Arcelormittal ne se réalisait pas, l’usine de Dudelange ne devra plus être vendue et pourra ainsi rester dans le giron d’Arcelormittal ». Au prochain gouvernement donc de traiter le dossier.