La grande transition énergétique et écologique, espérée et indispensable, sera-t-elle un win-win pour les citoyen-nes comme pour les entreprises ou faudra-t-il « changer le système » pour arrêter de changer le climat ? De nombreux scénarios sont sur la table, et les définitions de ce qu’on entend par système peuvent également diverger. Mercredi prochain, la conférence « Écosocialisme ou effondrement » permettra d’entendre un point de vue radical, mais bien informé sur le sujet. Le ton est donné par l’invitation diffusée par Déi Lénk : « Une solution à la crise écologique, une alternative à la course vers l’abîme du changement climatique sont-elles possibles sans ‘changer de système’, c’est-à-dire sans affronter le capitalisme ? La réponse de Daniel Tanuro est claire et nette : non ! » La conférence est à voir dans le contexte des discussions animées au sein du parti de gauche radical, dont nous nous étions fait l’écho en septembre dernier. Clairement, entre un parti communiste peu engagé sur les sujets environnementaux et Déi Gréng qui ne jurent plus que par le capitalisme vert, un large éventail de positions idéologiques reste vacant du côté de la mouvance écologiste de gauche. Les doubles élections de 2023 pointant à l’horizon, Déi Lénk sont en train de définir leur positionnement, et la conférence contribuera aussi à structurer les débats. Notons qu’elle a lieu deux jours après « l’effondrement », à savoir le fameux « overshoot day » national : c’est le jour où, si la terre entière vivait comme le Luxembourg, les ressources naturelles disponibles pour 2022 seraient déjà épuisées. Le conférencier Daniel Tanuro, ingénieur agronome et marxiste, est proche du Nouveau Parti anticapitaliste, issu du mouvement trotskyste et se situant à gauche de La France insoumise. Cette radicalité n’a pas empêché Tanuro d’atteindre le public de la mouvance écologiste de gauche à travers ses livres. Sur « L’impossible capitalisme vert » (2010), l’économiste alternatif Jean Gadrey avait écrit : « Nombre de réflexions contenues dans ce livre sont très convaincantes, souvent inédites et originales, et même des lecteurs qui ne sont pas prêts à brandir des pancartes anticapitalistes y trouveront beaucoup de grain à moudre (ou déjà en partie moulu). » Dans « Trop tard pour être pessimistes » (2020), Tanuro se montre sceptique par rapport au concept du « Green New Deal » de la gauche américaine et se situe proche des positions décroissantistes. Il n’en est pas moins sévère envers les dérives de la collapsologie, auxquelles il a reproché, dans une interview, de « [naturaliser] les rapports sociaux et [de faire] planer sur nos têtes une menace aux accents bibliques ». La conférence promet d’être animée.
Conférence : que faire de la crise écologique ?
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