COP25 à Madrid : défis pour la société civile

Ce que le déplacement de la conférence climatique a signifié pour la société civile, au Chili et en Espagne.

Manif nocturne, le 6 décembre à Madrid. (Wikimedia ; Malopez 21 ; CC BY-SA 4.0)

L’arrivée « en dernière minute » de Greta Thunberg à Madrid, pour la grande manif du 6 décembre, illustre bien la différence entre la diplomatie climatique et la société civile face à l’annulation de la COP25 au Chili. La militante suédoise, afin d’éviter de se déplacer en avion, avait rejoint New York fin août sur un voilier de course et s’était adressée à l’Assemblée de l’ONU. Elle était en route en direction du sud du continent quand le 31 octobre, à Santiago, sa destination finale, le président Sebastián Piñera a déclaré que le Chili renonçait à accueillir la conférence. Le niveau de célébrité de la militante lui a permis de trouver un autre yacht à voile, encore plus rapide, pour retraverser l’Atlantique et rejoindre Madrid et la COP25 qui terminait sa première semaine.

D’autres groupes de jeunes, qui avaient imité Thunberg, ont eu moins de chance. Perdus au milieu de l’Atlantique sur des voiliers moins performants au moment du changement de lieu, elles et ils n’ont pas pu faire demi-tour assez vite pour rejoindre la conférence. La plupart des militant-e-s d’ONG européennes avaient opté pour l’avion et se sont retrouvé-e-s à essayer d’annuler leurs vols. Enfin, la société civile d’Amérique du Sud, qui avait investi beaucoup de temps et de moyens pour préparer des événements alternatifs à Santiago, s’est vue privée de cette tribune – à part les quelques personnes qui ont pu se payer un vol, beaucoup plus cher, vers Madrid. Les diplomates et les lobbyistes, de leur côté, étaient surtout content-e-s que la conférence soit maintenue aux dates prévues et que leur planning ne soit pas perturbé (voir online-woxx : « COP25 à Madrid : cela arrange les officiels »)

Les ONG au Chili, pas contentes

Au Chili même, la réaction des ONG impliquées dans l’organisation du sommet alternatif « Cumbre social por la acción climática » a été virulente. La directrice de la fondation Terram Flavia Liberona a qualifié la décision de Piñera, prise sans consulter la société, d’« antidémocratique ». Le directeur de Greenpeace Chili Matías Asún a, quant à lui, regretté que le Chili perde ainsi l’occasion d’aborder les questions environnementales, mais aussi les problèmes de droits humains que suscite la répression du mouvement de protestation. Les deux événements alternatifs, la « Cumbre social » et la « Cumbre de los pueblos », ont finalement eu lieu, mais sans l’audience internationale prévue.

Pendant ce temps-là, à Madrid, la société civile espagnole s’est retrouvée à improviser un sommet alternatif en un mois, alors que l’actualité politique nationale était dominée par des élections du 10 novembre et par la crise catalane. Finalement, les organisatrices et organisateurs ont réussi à mettre en place une grande manif et une « Cumbre social por el clima » plus qu’honorable. Elles et ils évoquent quelque 350 événements et 15.000 participant-e-s sur le campus de l’Universidad complutense.

Quant à la COP officielle, elle a été marquée par l’officialisation début novembre du retrait des États-Unis, les désastreuses politiques amazoniennes du gouvernement brésilien et les difficultés des négociations d’aboutir à un accord sur la mise en œuvre l’article 6 de l’accord de Paris, consacré notamment au très controversé marché des crédits carbone (online-woxx : « Hektik, Fallstricke und Opportunities »). Une déclaration finale est attendue au plus tôt pour vendredi soir.

 


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