Pour sa quinzième édition, le festival Out of the Crowd ne change rien à son ambition de montrer les dernières évolutions de la musique contemporaine dans la joie et la bonne humeur.
La bonne nouvelle en premier : l’Out of the Crowd 2019 n’est pas annulé pour cause de deuil national. Contrairement à la ville d’Esch-sur-Alzette qui vient de reporter sa Nuit de la culture à septembre (plus de détails dans notre édition online), le collectif Schalltot maintient son festival à la date prévue, ce samedi 27 avril.
La programmation est comme d’habitude concentrée sur quelques poids lourds du moment, des découvertes, ainsi que des artistes locaux qui s’harmonisent avec le reste. Commençons donc par le lourd et la venue de Beak>, groupe déjà culte par la présence dans ses rangs de Geoff Barrow, un des créateurs de Portishead, groupe phare du trip hop anglais qui a durablement changé l’histoire de la musique. Alors que la chanteuse de Portishead Beth Gibbons s’adonne à la musique de Henryk Górecki, qu’elle vient d’enregistrer avec l’Orchestre national de la radio polonaise, Barrow se met au rock plus cru. Beak> rappelle le krautrock, mais aussi des groupes comme 90DayMen dans ses sonorités noisy et psychédéliques – le tout arrosé d’une bonne sauce groovy.
Pourtant, les plus nostalgiques attendront certainement l’entrée en scène de Built to Spill. Groupe indé des années 1990 (fondé en 1992 à Boise, dans l’Idaho), c’est une de ces rares formations de ces années qui a duré jusqu’à nos jours – quoiqu’au prix de nombreux changements de line-up. Avec huit albums au compteur et encore plus de tournées, Built to Spill est une valeur sûre pour attirer les aficionados d’une certaine génération, celle qui aujourd’hui se trimballe entre 30 et 40 ans. Surplus : sur sa tournée actuelle, le groupe rejouera en exclusivité son album de 1999, « Keep It like a Secret » – rien de mieux pour retrouver un peu de jeunesse.
Les autres poissons dans l’aquarium sont peut-être plus petits, mais pèsent d’autant plus, car cette édition est définitivement tournée vers les sons rock. Comme les Suisses de Peter Kernel, avec leur post-punk intensif et lourd. Plus noir encore, le rock gothique sauce contemporaine de Jaye Jayle, ancien de Breather Resist et Young Widows : le projet solo du chanteur emmène dans des contrées en noir et blanc où rien ne va de soi.
L’énergie est tout de même aussi au rendez-vous avec les Français de Lysistrata – tiré du nom de la comédie d’Aristophane où les femmes refusent leurs corps aux hommes tant qu’ils feront la guerre. Leur style, qui reprend les meilleurs moments du post-hardcore avec une pincée de math rock, est captivant de la première à la dernière seconde, et les critiques spécialisé-e-s n’arrêtent pas de leur tresser des lauriers. Dans la même veine, on retrouve The Murder Capital : ces jeunes Irlandais mettent plutôt l’accent sur l’aspect punk de leur musique, mais n’oublient pas en passant de foutre une bonne dose de pression.
Pour les amatrices et amateurs de sons plus déjantés, l’Out of the Crowd réserve trois groupes : les plus heavy Town Patrol en provenance du Danemark, les Coréen-ne-s de Say Sue Me avec leur indé-math parfumé au surfpunk et les Suédois de Damnit I’m Mad avec leurs excursions dans l’art rock.
Côté luxembourgeois, les fans pourront retrouver Klein et son electro-jazz ambitieux, ainsi que les jeunes psycho-rockeurs-euses des Choppy Bumpy Peaches qui ouvriront le bal.