Le nouveau long métrage du Canadien Jean-Marc Vallée dissèque la vie d’un banquier qui, suite à une tragédie, commence à se découvrir lui-même.
Le jour où sa vie bascule, Davis ne voit rien venir. Il travaille dans la banque d’investissement de son beau-père et son existence n’a rien de spécial : classe moyenne aisée, belle femme, belle maison, des vacances et peut-être des plans pour fonder une famille, toujours remis à plus tard. C’est que Davis n’est pas encore entré complètement dans sa vie. Une chose dont il va se rendre compte après l’accident qui coûtera la vie à sa femme, le laissant miraculeusement indemne. Alors que son beau-père l’exhorte à tenir le coup et lui propose toute son aide, Davis va petit à petit perdre contact avec son ancienne réalité et couper les liens qui l’unissaient à ce petit monde.
C’est un coup de tête qui va lui montrer le chemin. N’arrivant pas à sortir un paquet de cacahuètes chocolatées d’une machine dans le couloir de l’hôpital où sa femme vient de mourir, il décide d’écrire à la compagnie qui gère l’automate pour se plaindre de cette expérience somme toute frustrante. Et puis il va plus loin : écrire à cette entreprise va devenir pour lui un moyen thérapeutique pour récapituler son existence et se demander pourquoi il n’a pas aimé sa femme, ou en tout cas pas assez. Quand Karen Moreno, de la compagnie qu’il assaille de ses plaintes, répond à une de ses lettres, elle déclenche un engrenage qui va changer la vie de Davis pour toujours.
Si le métier d’« investment banker » est, du moins depuis la crise, un des plus détestés de la planète, Jean-Marc Vallée nous démontre que ceux qui l’exercent sont bien humains. Même si parfois ils doivent se battre pour retrouver l’accès à leurs émotions, tant leur quotidien les force à les refouler. Dans le cas de Davis Clarke, cela va jusqu’à une dénégation totale de sa personnalité. Ignorant tout de son entourage, même les secrets que sa femme lui cachait, il doit d’abord détruire la cage dorée qu’il s’était construite.
Au premier sens du terme d’ailleurs, car une partie de sa convalescence mentale passe par une ballade au bulldozer dans son ancienne maison, avant qu’il ne puisse s’imaginer un nouvel avenir tout en acceptant son passé.
Avec des acteurs excellents (notamment Jake Gyllenhaal et Naomi Watts dans les rôles principaux) et un réalisateur qui a déjà démontré son talent dans ses films précédents, comme « Dallas Buyers Club », on devrait en théorie avoir affaire à un film auquel irréprochable. Et pourtant, « Demolition » présente bien des faiblesses. Le scénario démarre sur les chapeaux de roues pour s’essouffler à partir du milieu du film, où plus grand-chose ne se passe et alors que les séquences de rêves mélangées à la trame narrative commencent à devenir ennuyeuses, voire pénibles. Un peu comme si l’un des producteurs de la Fox Searchlight s’était dit : « Allons-y, mettons des passages cryptiques, car les bobos et les Européens adorent ça. »
Certes, « Demolition » n’est pas vraiment un navet ; mais il est un peu comme l’investissement dans une holding : on vous promet beaucoup pour un rendement pas vraiment mirobolant à la fin. Dommage, car toute l’équipe qui y a travaillé sait décidément mieux faire.
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