« Où va l’âme d’une ville quand elle s’évapore ? » C’est au fond à cette question qu’essaye de répondre Jean Portante dans son premier livre post-« écriture baleine », une période qu’il a symboliquement close avec la réédition récente d’un ensemble quasi exhaustif de ses poèmes (woxx 1279). L’écrivain luxembourgeois n’a pourtant pas renoncé à ses thèmes de prédilection, puisqu’il évoque ici à nouveau, comme dans « Après le tremblement » (2013), le séisme de L’Aquila, survenu dans la nuit du 5 au 6 avril 2009. La famille de l’auteur, originaire de la région, joue un rôle important dans cet entrelacs littéraire que tissent souvenirs d’enfance et impressions de l’après-catastrophe, tout comme l’éternel écartèlement entre Nord et Sud. Tour à tour chronique familiale, leçon d’histoire qui s’étire sur trois mille ans, journal intime, réflexion philosophique et récit poétique en prose, « L’Aquila » se lit comme un court roman qui mêle le destin d’une ville plusieurs fois frappée par les entrailles de la terre et celui d’un poète désormais établi bien loin, mais qui ne peut s’en détacher complètement. Avec, toujours, cette élégance d’écriture de Portante qui sait aller pourtant à l’essentiel. En toute indépendance, dans une deuxième partie en forme de contrepoint, David Hébert illustre de traits fragiles la précarité de la splendeur d’une ville martyre. Un bien beau livre, pétri d’émotions.
Jean Portante et David Hébert : L’Aquila
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