Klimadag : comprendre l’enjeu de 1,5 degré

Rappeler l’importance des politiques climatiques, alors que le réchauffement se fait déjà sentir, tel était l’objectif de la conférence de Quentin Lejeune sur le rapport spécial de l’IPCC.

Le rapport de l’IPCC

D’ici quelques années, se souviendra-t-on encore de l’été 2018, avec ses canicules et ses sécheresses ? Rien n’est moins sûr. Une étude scientifique sur l’été 2003, particulièrement chaud lui aussi, estime que de telles « anomalies » se produisent un été sur quatre en moyenne. Cela vaut dans l’état actuel du réchauffement climatique – sans réchauffement, un tel été serait une véritable anomalie arrivant une fois par siècle. Et si le réchauffement passait à 1,5 degré,  la probabilité pour un été de type 2003 augmenterait de 25 à 42 pour cent. Enfin, à 2 degrés, ce serait 59 pour cent de chances. Les terrien-ne-s de l’an 2100 risquent donc de trouver des étés comme ceux de 2003 ou 2018 « relativement frais ».

C’est l’illustration la plus frappante de ce que représente le réchauffement climatique qu’a mise en avant Quentin Lejeune. Le conférencier avait été invité aux Rotondes afin de présenter au public du Klimadag le contenu du rapport spécial de l’IPCC sur un réchauffement de 1,5 degré. Devant une salle bien remplie – une centaine de personnes engagées dans des ONG ou dans la politique locale –, Lejeune a rappelé l’impact qu’aura l’effet de serre sur la Terre et sur l’espèce humaine.

2 degrés, ce sera pire

Le rapport de l’IPCC devait notamment établir dans quelle mesure limiter le réchauffement à 1,5 degré était important. « On ne s’attendait pas forcément à ce que les effets soient aussi nettement différents », a expliqué Lejeune, en indiquant plusieurs domaines dans lesquels les conséquences d’un accroissement de température de 2 degrés serait dramatique par rapport à 1,5 degré. Ainsi, par exemple, sur le pourtour méditerranéen, les réserves d’eau douce disponible baisseraient de 17 pour cent dans le premier contre 9 pour cent dans le second scénario. Quant au risque de dégradation d’écosystèmes alpins et boréaux, les zones concernées seraient deux fois plus étendues à 2 degrés qu’à 1,5.

L’humanité doit-elle alors se décider entre ces deux valeurs ? C’est l’impression qu’on pourrait avoir, mais elle est fausse. L’institut pour lequel travaille Quentin Lejeune, « Climate Analytics », participe au projet « Climate Action Tracker », destiné à évaluer la trajectoire la plus probable prise par les émissions de CO2 et leur effet sur le réchauffement. Ainsi, en l’état actuel des engagements pris par les différents pays, on est parti ni pour 1,5, ni pour 2, mais bel et bien pour 3,2 degrés (par rapport à l’ère pré-industrielle). Quant à l’Union européenne, Lejeune a expliqué que ses objectifs de réduction de CO2 pour 2030 et 2050 ne sont pas compatibles avec l’accord de Paris.

Vite, ralentir le réchauffement !

Le public n’a pas posé beaucoup de questions, assommée non seulement par la quantité d’informations mais surtout par la réalité peu agréable qu’il faut regarder en face. Certes, le rapport de l’IPCC affirme qu’une limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré reste techniquement et économiquement faisable. Pour Lejeune, la question est, est-ce que c’est faisable politiquement, est-ce que les sociétés sont prêtes pour des changements radicaux.

Lorsqu’un participant a voulu savoir par où il fallait commencer et si utiliser sa voiture une semaine sur deux seulement servait à quelque chose, le conférencier a estimé que « tout doit être abordé ». Et de rappeler qu’une des conclusions importantes du rapport était la nature des défis de mener à bien la grande transition. Le principal défi ne serait pas la vitesse du changement nécessaire – pour laquelle il existerait des exemples historiques –, mais l’échelle de la transition qui devra se développer simultanément dans de nombreux domaines.


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