Marc Villard : Barbès trilogie

La collection Série noire de Gallimard vient de rééditer trois joyaux du polar français consacrés au quartier malfamé de Paris. L’occasion de plonger au cœur de la nuit et de rencontrer des personnages hors normes.

(©gallimard)

Les trois romans qui composent la trilogie sont comme trois grosses balles de 45 qu’on prend dans le buffet. « Rebelles de la nuit » (1987), « La porte de derrière » (1993) et « Quand la ville mord » (2006) ont en commun le quartier de Barbès, situé dans le 18e arrondissement dans le nord de Paris et avoisinant les portes de Clignancourt et d’Aubervilliers, mais aussi le personnage de Jacques Tramson. Éducateur de rue, Tram, comme l’appellent ses client-e-s, se promène en permanence sur le fil du rasoir entre son boulot et le crime qui ne se cache pas dans ce quartier, dit aussi « de la Goutte-d’Or ».

Comment empêcher la prison à ces jeunes, qui n’ont souvent pas d’autre choix que la délinquance pour des raisons de survie, sans tomber soi-même dans l’illégalité ? Souvent, le choix pour Tram se fait par la force de l’intrigue, qui ne lui laisse pas d’autre choix que d’écouter son cœur et de briser les lois – de toute façon toutes relatives dans ce quartier. Entre petits et gros dealers, jeunes filles forcées au tapin, sans-papiers à la merci de la mafia, marabouts, prêcheurs de rue et les rêves des jeunes de s’en sortir, il est impossible de rester dans le droit chemin. La vie est aussi sinueuse que les ruelles étroites qui aboutissent aux grands boulevards du quartier.

L’intérêt de ces trois romans est aussi l’évolution de Barbès, que Villard chronique : alors que dans les années 1980, c’est le trafic d’héroïne et le jeu illégal tenu par les gangsters qui font s’empiler les macchabées, le crack, la prostitution forcée des sans-papiers et la violence religieuse prennent de l’ampleur dans les années qui suivent. À cette description passionnante s’ajoute le talent de l’écrivain. Son style tient le lectorat en haleine, les références musicales tombent comme des balles ou des coups de poinçon et il réussit toujours à surprendre, sans forcer la main. Il n’y a rien de spectaculaire dans les livres de Villard, excepté la vie de la rue elle-même.

L’auteur – qui est aussi chroniqueur de musique rock, scénariste de films et de BD – est le compagnon de route de quelques-uns des plus grands auteurs de polars français, notamment Jean-Bernard Pouy. Auteur de plus de 500 nouvelles, il a aussi réalisé un grand nombre de livres avec d’autres artistes, écrivain-e-s et photographes. Son œuvre et ses actualités sont à découvrir sur son site web personnel, richement documenté.


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