Mock COP 3/3 : une déclaration pour aller plus loin

Comme la conférence climatique qui aurait dû avoir lieu en cette fin d’année, la Mock COP des jeunes a donné lieu à une déclaration finale. Un document intéressant mais non dépourvu de faiblesses.

Pas de COP cette année, donc pas de déclaration officielle des gouvernements au sujet de la crise climatique. La Mock COP, la conférence intermédiaire en ligne des jeunes, a essayé de combler le vide au niveau des discussions (2e article : Comme si vous y étiez) comme des conclusions.

L’introduction de la déclaration adoptée le 1er décembre donne le ton : « Les gouvernements autour du monde ont failli à leurs obligations légales et morales face à la crise climatique et écologique. » En effet, les jeunes ont choisi de thématiser aussi la biodiversité, ce qui fait sens d’un point de vue scientifique. Et elles et ils notent : « Les enfants et les jeunes, tout comme les femmes et les communautés locales et indigènes, sont affecté-es de manière disproportionnée par les effets toujours plus néfastes du changement climatique et des destructions environnementales.

Un flou sur les obligations Nord-Sud

Les jeunes soulignent que le niveau du CO2 présent dans l’atmosphère continue toujours de monter, en dépit de tous les accords internationaux conclus à ce jour. Relevons qu’ils évoquent aussi le danger « d’atteindre des points de basculement [tipping points], qui conduiront probablement à des changements irréversibles du climat mondial ».

Enfin, la partie de l’introduction consacrée à la justice climatique est intéressante. La Mock COP rappelle notamment que l’article 9 de l’accord de Paris engage les pays développés à fournir des fonds pour soutenir les pays en voie de développement aussi bien pour la mitigation du changement climatique que pour l’adaptation à ses effets. Mais les jeunes ont choisi de laisser de côté la question controversée du « loss and damages », qui pourrait engager la responsabilité civile des principaux pays émetteurs de CO2 pour les dommages causés ailleurs, notamment dans les États côtiers et insulaires. Autre choix surprenant, les aspects internationaux de la justice climatique ne sont pas repris dans la partie centrale de la déclaration.

Pour les indigènes, les jeunes et la nature

La déclaration stricto sensu débute avec deux paragraphes sur l’éducation climatique. Les neuf paragraphes suivants sont consacrés à la justice et à la résilience. L’optique dans cette partie est fortement nationale, ce qui délaisse les obligations entre les pays, mais présente l’avantage de mettre chaque gouvernement devant ses responsabilités directes.

Les obligations nationales commencent par le renforcement des droits des peuples indigènes, mais aussi, plus loin, la facilitation de la participation des jeunes (définis comme « de 11 à 29 ans inclus ») dans les politiques climatiques. La Mock COP propose la mise en œuvre d’une « Déclaration universelle des droits de la nature » au niveau international. Au niveau national, elle exige que les activités économiques sensibles comme l’agriculture industrielle ou l’extraction minière soient soumises à une obligation de durabilité. De manière cohérente, l’agriculture durable et la régénération des sols et des forêts doivent être soutenues. Les jeunes mentionnent explicitement les investissements dans la production d’aliments alternatifs à base de plantes et des politiques contre le gaspillage mondial de nourriture.

Tout protéger, du Bobësch à Suessem jusqu’à l’Amazonie

Pour ce qui est des obligations nationales de protection, la Mock COP réclame la fin des déplacements de populations sous contrainte et des destructions d’écosystèmes protégés. Dans le cas de systèmes essentiels pour l’humanité, cela serait qualifié comme écocide et pourrait être poursuivi par le Tribunal pénal international. Enfin, le document des jeunes évoque la nécessité d’une reprise verte à la suite de la crise Covid-19, incluant des programmes de reconversion des travailleur-ses.

Trois paragraphes évoquent la santé physique et mentale. Cela va du droit des enfants au jeu et à l’éducation jusqu’à la qualité de l’air et la politique de mobilité. Les pays devront mettre en place des systèmes d’accompagnement psychologique pour les jeunes, en particulier par rapport au phénomène de l’éco-anxiété.

Priorité aux réductions nationales, mais…

Les deux paragraphes sur les engagements de réduction de CO2 nationaux (Nationally Determined Contributions, NDC) retiennent l’attention : d’une part, ils évoquent non pas l’obligation de Paris (réchauffement en dessous de 2 degrés en tendant vers 1,5), mais la recommandation de l’IPCC : limiter le réchauffement à moins de 1,5 degré. D’autre part, les pays sont appelés à fournir en priorité absolue un effort national de réduction, les mécanismes de compensation ne devant être employés qu’en dernier ressort. C’est une position modérée, certaines ONG refusant carrément cette approche qu’elles qualifient d’« indulgence » (Ablass), en référence à la coutume catholique de racheter ses péchés.

Sans être parfaite, cette déclaration va au-delà de ce que produisent, année après année, les diplomates réuni-es lors des conférences climatiques. Sur certains points, elle incite au débat, ce qui n’est pas un mal. Sur d’autres, elle peut inspirer les négociations de la COP26 en décembre 2021, ce qui est très bien.


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