Scandales, intimidations et attaques personnelles auront marqué la campagne s’achevant dimanche. L’opposition unie contre Viktor Orbán veut reprendre des couleurs et empêcher sa réélection en 2022.
Rarement une campagne aura été aussi violente que celle-ci dans l’histoire récente de la Hongrie. Affiches diffamatoires, affaires de mœurs, enregistrements compromettants et meetings d’opposants perturbés ont émaillé la course aux municipalités dont l’épilogue se déroule ce dimanche. Les opposants de Viktor Orbán espèrent ravir Budapest et les grandes villes au Fidesz du premier ministre. La majorité entend par tous les moyens garder la capitale et maintenir sa puissante assise en province.
Le 4 octobre, la Hongrie se réveille en découvrant des photos et des vidéos de l’édile de Győr (sixième ville du pays), Zsolt Borkai, aux côtés de prostituées sur un bateau de luxe mouillant dans l’Adriatique. Quelques jours plus tôt, une vidéo du maire indépendant de Budaőrs avec une professionnelle faisait la une des médias magyars après le dépôt d’un lien internet dans les boîtes aux lettres des habitants. Deux scandales parmi une pluie d’intimidations et de révélations entachant ce scrutin-clé pour le pays.
« L’opinion publique et les discours politiques sont si polarisés qu’ils éclipsent la campagne elle-même. Au lieu de s’affronter, les deux camps ont mené leur course chacun dans leur couloir sans véritable débat », indique le politologue Gábor Török. « Si le Fidesz l’emporte ou plus ou moins largement, il sera bien parti pour transformer l’essai en 2022. Si l’opposition ne parvient pas à obtenir un meilleur résultat qu’il y a cinq ans, elle peut faire une croix sur les législatives et sa forme actuelle », développe l’analyste.
Les pressions ont particulièrement visé Gergely Karácsony, challenger écologiste de gauche d’István Tarlós en position de chasser son adversaire de la mairie de Budapest conquise par le Fidesz en 2010. Son visage est apparu au centre de panneaux publicitaires accusant le quadragénaire de transformer la capitale hongroise en « cirque ». Pis, des jeunes activistes du Fidesz ont recouvert d’une musique clownesque l’une de ses conférences de presse et une présentation de son programme sur le Danube.
« Système toxique »
Mi-septembre, les locaux d’András Pikó, capitaine de la coalition d’opposition dans le huitième arrondissement de Budapest, ont été perquisitionnés sur la base d’un article du quotidien propouvoir Magyar Nemzet affirmant que l’équipe de l’ancien journaliste ficherait les électeurs selon leur opinion. Une dizaine de jours plus tard, les autorités locales privèrent Pikó d’électricité au moment où le politicien s’apprêtait à délivrer un discours finalement prononcé en criant au centre de la place Mátyás.
« De telles attaques se méritent et montrent que nos adversaires nous craignent. Cette attitude nous donne de la force et ne fait qu’encourager les personnes qui nous soutiennent », observe András Pikó. « Le Fidesz tente de mettre en doute notre intégrité et notre crédibilité auprès de l’opinion publique en portant des coups sous la ceinture alors qu’il ferait parfois mieux de balayer devant son propre palier. De mon point de vue, le système est si toxique qu’il se retourne contre lui-même », assène le candidat.
« Toxique » décrit correctement l’ambiance tantôt délétère tantôt étouffante d’une campagne durant laquelle les cercles pro-Orbán ont multiplié les offensives afin de discréditer leurs adversaires. Allégations de harcèlement ou d’agression sexuelle propagées dans les tabloïds servant l’exécutif, vidéo d’un représentant socialiste de Kispest sniffant très probablement de la cocaïne diffusée par une chaîne d’info en continu pro-Fidesz, affiches de l’opposition décrochées par des employés de mairie…
Des soupçons d’espionnage politique planent en outre autour d’écoutes de Karácsony prêtant des pratiques mafieuses à ses alliés socialistes. Un Watergate magyar, selon les dires de son parti Dialogue, couronnant neuf ans de débat politique dévitalisé et de compétition électorale biaisée par le Fidesz. Le camp de Viktor Orbán parle de couper les subventions aux localités rebelles et d’une transformation de la Hongrie en pays d’immigration si l’opposition s’impose. Reste à savoir si le chantage fonctionnera.
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