Musique classique : Le folklore à l’honneur

Le 23 mai prochain, le City of Birmingham Symphony Orchestra, sous la baguette de sa directrice musicale Mirga Gražinytė-Tyla, accompagnera Yuja Wang à la Philharmonie. Au programme, des œuvres inspirées par les folklores hongrois, roumain et russe.

Le CBSO et sa directrice musicale, Mirga Gražinytė-Tyla : une belle équipe depuis déjà 2016. (Photo : Ben Ealovega)

Dans le milieu parfois très conservateur de la musique classique, l’ascension des femmes cheffes d’orchestre est un phénomène bien réel qui déclenche encore petites polémiques (le chef d’orchestre letton Mariss Jansons, à la carrière internationale, a par exemple déclaré qu’elles n’étaient pas « sa tasse de thé ») et longs commentaires. La plupart des intéressées, elles, préfèrent parler de musique plutôt que de genre, et elles ont bien raison. D’ailleurs, question musique, Mirga Gražinytė-Tyla a un CV impressionnant, qui culmine avec sa nomination en 2016 – à tout juste 30 ans – au poste de directrice musicale du City of Birmingham Symphony Orchestra, l’un des plus en vue du Royaume-Uni. Et cela sans jamais jouer d’un instrument de musique : la jeune femme a étudié le chant. C’est dire si son étape au Luxembourg à la tête de la formation anglaise est une aubaine pour les mélomanes du grand-duché.

Yuja Wang, en résidence à la Philharmonie cette saison, sera la soliste de ce concert estampillé « Grands orchestres ». C’est le « Concerto pour piano n° 5 » de Prokofiev que la talentueuse pianiste interprétera avec sa fougue et sa fantaisie habituelles. L’œuvre, moins connue que d’autres concertos du même compositeur, a la particularité d’utiliser des motifs folkloriques russes, dans un style néoclassique aux cinq courts mouvements qui s’éloigne des structures traditionnelles. Ses contrastes vertigineux et son écriture acrobatique donneront l’occasion à Yuja Wang de montrer l’étendue de sa palette d’émotions. Et le fait encore trop rare que deux jeunes femmes seront respectivement au piano et au pupitre sera, on l’espère, rapidement oublié par le public pour se plonger dans la musique.

Yuja Wang, en résidence cette saison à la Philharmonie, fera courir ses doigts sur le piano. (Photo : Norbert Kniat)

Les œuvres orchestrales proposées pour ce concert seront reliées au concerto de Prokofiev par leur utilisation de thèmes folkloriques. Tout d’abord, l’ouverture de la soirée reviendra au « Concert Românesc » de Ligeti. Composé en 1951 par le Hongrois à la suite d’un séjour en Roumanie, ce morceau court et énergique s’empare de mélodies traditionnelles tant roumaines que hongroises, et de l’aveu du compositeur constitue une « pièce camouflage » destinée à échapper au diktat du réalisme socialiste de l’époque. La formation réduite rappelle les orchestres de village et se situe dans la tradition des partitions de musique savante inspirées du folklore de l’Est, dont Bartók ou Enesco avaient jeté les bases.

Pour terminer le concert, le City of Birmingham Symphony Orchestra et sa directrice musicale s’attaqueront à « L’oiseau de feu » de Stravinsky, encore une pièce où les mélodies venues tout droit du folklore tiennent un rôle prééminent. Désormais élevée au statut de tube, l’œuvre sera de nouveau jouée plusieurs fois la saison prochaine à la Philharmonie. Bien sûr, le hasard joue dans une programmation réunissant diverses formations 
résidentes ou en tournée au cours d’une même année. Reste que l’exigence de la partition et les multiples couleurs orchestrales qu’elle met en valeur permettront d’apprécier la qualité de l’orchestre britannique et le charisme de sa directrice artistique lituanienne au pupitre. Voire de comparer les versions, passe-temps favori des mélomanes classiques s’il en est.

Le 23 mai à 20h, à la Philharmonie.

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