Dans sa réponse à une question parlementaire du député David Wagner (Déi Lénk), l’ancien et nouveau ministre des Médias ne semble toujours pas vouloir admettre les difficultés dans lesquelles se trouve la radio publique après cinq ans de sa tutelle.
Un certain agacement est détectable entre les lignes de la question posée par David Wagner et de la réponse donnée par le premier ministre. Alors que Wagner insiste sur une question restée sans réponse de l’alors députée et désormais ministre Sam Tanson, concernant des divergences entre le président du conseil d’administration et l’ex-directeur de la radio (« Comme vous n’avez pas jugé utile de répondre à cette question, je me permets de la reformuler tout en la complétant »), Xavier Bettel estime que la question du député concernant l’influence qu’exerce son chef de cabinet Paul Konsbruck dans le conseil d’administration de la CLT-UFA « n’a aucune pertinence dans ce contexte ».
Au-delà de la rhétorique, la passe d’armes entre député et ministre ressemble plutôt à un jeu de cache-cache. Ainsi, les questions tout à fait pertinentes sur les remarques peu orthodoxes faites par le président du conseil d’administration, l’entrepreneur Laurent Loschetter (qui siège aussi au conseil d’administration du Mudam et en a pendant un temps pris les rênes après que l’ancien directeur a été chassé – ce qui en fait absolument l’homme de main du premier ministre), sont évacuées d’emblée : « Le ministre des Communications et des Médias n’a pas à commenter des propos rapportés dans les médias de membres du conseil d’administration de l’établissement public ou de toute autre personne concernant le fonctionnement interne du conseil d’administration. » En ce qui concerne les chroniques (ou plutôt appels à l’aide) de la rédaction en chef ainsi que la fameuse « peer-to-peer review » de l’European Broadcasting Union (EBU) – un rapport d’ailleurs commandé par l’ancien directeur Jean-Paul Hoffmann –, Bettel semble aussi disposer d’une autre grille de lecture.
Bettel ne voit aucun problème pour l’indépendance de la radio 100,7.
Pour lui, « aucune atteinte n’a été portée à l’indépendance éditoriale de la radio » ; le rapport de l’EBU confirmerait (par une phrase) ce constat. Selon Bettel donc, « force est de constater (…) que ni la nomination actuelle des administrateurs ni l’octroi du budget par le gouvernement sont de nature à impacter de façon négative l’indépendance éditoriale de la radio ». Selon le ministre des Médias, les chroniqueurs-euses n’auraient fait état que de risques « pouvant émaner des procédures cependant en place depuis la création de la radio ».
Aucune réponse pourtant à la question de savoir s’il est vrai qu’un haut fonctionnaire a affirmé que Bettel a démis de ses fonctions l’ancienne présidente du conseil d’administration « au motif que celle-ci aurait collaboré ‘trop étroitement’ avec le directeur ». Si tel était le cas, l’immixtion du ministre dans les affaires de la radio publique se situerait pourtant à un niveau inquiétant.
Bettel devra du moins concéder un débat parlementaire une concertation des parties prenantes en vue d’une nouvelle et meilleure gouvernance de la radio publique. Reste à espérer que celle-ci résultera aussi en un code de déontologie pour le conseil d’administration de la radio publique – pour l’instant, selon le ministre, le CA « dispose d’un règlement d’ordre intérieur faisant office de code de déontologie ».