GRAFFITI: Signé Koor

Il est de ces expositions qu’on a tendance à négliger, parce qu’on ne connaît pas ou mal l’artiste ou que la galerie ne fait pas encore partie des adresses préférées du menu gratin culturel. Tel est un peu le cas de l’exposition en cours à la Covart Gallery, sise rue Adolphe Fischer à Luxembourg. Et pourtant, on aurait tort de passer à côté des oeuvres de Kool Koor. Non pas seulement parce que cet artiste new-yorkais était le compagnon de route de Jean-Michel Basquiat et de Keith Haring, mais surtout pour explorer son univers unique qu’il crée entre art de la rue et art des galeries. Chuck Hargrove de son vrai nom, plonge dans le graffiti dès son plus jeune âge – en 1976, donc avec 13 ans sur son compteur – où il se met à décorer les murs de son Bronx natal.

Mais au lieu de se contenter de « tags », sortes de marques de territoire, Kool Koor développe un langage artistique qui n’appartient qu’à lui. Ainsi, dans chacune de ses peintures, on peut retrouver sa signature « K », mais attention : le « K » de Kool Koor n’est pas celui de l’alphabet tel que nous le connaissons, car il a crée au fil des années son propre alphabet.

Et là, on est déjà au coeur du message que l’artiste veut faire passer : méfiez-vous des apparences, d’autres mondes sont possibles et la réalité n’est jamais ce qu’elle paraît être. Inspiré de la science-fiction, et surtout de la robotique, comme le démontre l’énorme sculpture d’un robot qui trône au beau milieu de la galerie, l’art de Kool Koor frôle souvent le pop-art, sans pourtant jouer sur la symbolique des signes, inhérente à ce genre. Au contraire, il crée ses propres signes, comme pour démontrer l’existence possible d’autres dimensions. Ce n’est pas pour rien que le catalogue d’exposition le compare au dessinateur Moebius, créateur de mondes déjantés par excellence.

Voilà, pour la théorie. En pratique, les oeuvres de Kool Koor présentent tout de même de grandes différences de qualité. Certes, cela veut dire que même à l’intérieur de son style il est resté éclectique, au contraire de certaines stars du business, qui répètent la même formule depuis des décennies déjà, comme Daniel Buren, par exemple. Mais tout de même, cela laisse aussi apparaître certaines faiblesses. Ainsi, quelques tableaux sont tenus dans des couleurs pastel affreuses et ne sautent pas vraiment à l’oeil – on ne dirait pas, en les voyant, qu’elles proviennent d’un artiste exposé dans le « Metropolitan Museum ». D’autres, plus expressives, ont pourtant la capacité de capter le regard du spectateur pour ne plus le lâcher.

En tout, l’exposition de Kool Koor, qui se trouve par ailleurs sous le patronage de l’ambassade américaine, vaut le coup d’être vue, car rares sont les artistes de ce calibre à être exposés dans des galeries privées. Et puis, cela pourrait même faire changer d’avis sur les « tags » et graffitis qui décorent certains murs de la ville de Luxembourg?

A la Covart Gallery, jusqu’au 25 juin.


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