PEINTURES: Faire le vide

Le peintre et graphiste Kenneth Alfred expose à la galerie Toxic ses compositions rythmées et colorées, qui évoquent les grands espaces et les lignes d’horizons, sans toutefois les montrer.

L’espace de la galerie Toxic offre au passant stressé par l’Octave un moment de répit dans l’abstraction.

Finissez tranquillement votre gaufre, sortez de la foire de l’Octave, c’est tout près. A quelques pas dans la rue de l’Eau vous pourrez pousser la porte de la galerie Toxic pour découvrir les travaux de l’artiste peintre et graveur, Kenneth Alfred. Une petite recommandation tout de même : quitter les canards en plastique et l’odeur de friture ambiante pour se plonger dans le travail de Alfred et l’univers aseptisé de la galerie, sans transition ou presque, peut sembler quelque peu brutal. Pourtant, le passage du concret vers l’abstrait de cet amas de lignes qui composent les dessins et peintures de l’artiste est aussi rafraîchissant. Elles nous échappent, s’enfuient dans les profondeurs du tableau et peu à peu nous y entraînent, loin du brouhaha de la place.

Ces grands paysages, tout juste suggérés par une ligne d’horizon discontinue mais omniprésente, sont vides, des no man’s land, on s’y perdrait. Mais Kenneth Alfred ne représente pas le visible. Avec ses peintures et dessins abstraits, superposant les couches de couleurs, c’est une ambiance presque électrique qu’il pose sur la toile. On devine encore la force du geste qui les a créés. Des soubresauts de couleurs révèlent la spontanéité du mouvement qui s’inscrit dans le tableau et semble s’y répéter à l’infini. Une sorte de rythmique que l’auteur tire aussi de son amour pour la musique?

Kenneth Alfred est né à Port-d’Espagne sur l’île de la Trinité, en 1959. En 1984, après avoir hésité entre les Etats-Unis et l’Angleterre, il s`installe en France afin de poursuivre ses études d’art et s’imprégner de la culture européenne. Mais c’est surtout en Allemagne, sur les plages de la mer du Nord, que l’artiste puise son inspiration, dans ces lieux singuliers et indécis où se fondent le ciel et la terre. Il peint alors pour décrire l’émotion suscitée par une zone où il n’y a plus rien, où l’on avance sans jamais arriver.

Parallèlement à son activité de peintre et de dessinateur, il mène depuis plus de dix ans une recherche plastique qui repose sur une association des techniques nouvelles de reproduction aux techniques traditionnelles de l’estampe. On retrouve cet intérêt pour le mélange des techniques à la galerie Toxic, où l’artiste réunit habilement peinture, craie grasse et crayon. Ce qui en rajoute encore à ses peintures qui – malgré le fait qu’elles évoquent le vide – sont très recherchées.

En somme, une exposition certes abstraite, mais qui vaut le détour.

Galerie Toxic, jusqu’au 15 mai, les mardis et mercredis de 14h à 18h ou sur rendez-vous.


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