Art public
 : Le 1 pour cent

« Repères – l’état de l’art public au Luxembourg » est l’occasion de découvrir tout un pan de la création artistique au grand-duché qui se joue – généralement – hors des murs.

« J’avais presque oublié l’essentiel », interjette Trixi Weis de l’AAPL (Association des artistes plasticiens du Luxembourg) – organisatrice de l’exposition – à la fin de notre entretien téléphonique. « Cette exposition est une première au Luxembourg. » Et il est vrai qu’on aura rarement vu autant de diversité artistique réunie sous un seul toit qu’au Luca en ce moment. Des décorations d’églises du « collaborateur » Théo Kerg, en passant par Michel Majerus et ses interventions urbaines à Berlin, jusqu’à la subversive et anarchisante « République de Clairefontaine » de Jerry Frantz – toutes ces œuvres ont en commun d’avoir été créées hors des murs et du cadre muséaux.

Loin de vouloir être exhaustive – on n’y trouve par exemple pas de street art, pourtant en plein développement au Luxembourg, une « évolution trop récente » pour Trixi Weis -, l’exposition se veut à la fois poétique et didactique. « Il s’agit de montrer l’importance de l’art public et ses dessous – car souvent on ignore comment et pourquoi ces œuvres se retrouvent là où elles sont », explique-t-elle.

Alors qu’au début le projet de l’AAPL était d’éditer une brochure à l’intention des édiles communaux pour les sensibiliser à la problématique de l’art public, l’idée a vite pris de l’ampleur : « Cela s’est fait un peu aux dépens d’autres projets AAPL cette année, comme celui de fonder un collectif d’ateliers à moindre coût, mais finalement nous avons opté pour cette opération », précise Trixi Weis, en ajoutant qu’une brochure complémentaire – qui a pris un peu de retard à cause de la mise en place de l’exposition – est en cours d’édition.

La publication ne concerne que les œuvres présentes sur le terrain luxembourgeois, alors que dans l’exposition sont montrés aussi des projets d’artistes luxembourgeois réalisés à l’étranger – comme celui de Michel Majerus sur la porte de Brandebourg à Berlin.

Mais il y a aussi des inédits, comme ces iPads sur lesquels le lecteur attentif peut consulter une étude non publiée sur l’art public au Kirchberg conçue par l’artiste Bert Theis, sur une commande du Fonds Kirchberg. Quand on voit les idées de Theis et qu’on les compare à la réalité du chaos architectural du plateau des banques et des institutions européennes, on comprend aussi mieux pourquoi cette étude est restée dans les tiroirs jusqu’ici.

Mais pour Trixi Weis, pas question de faire une exposition – trop – militante : « On n’a pas mis sur pied cette exposition pour reformuler nos revendications face à l’Administration des bâtiments publics – qui d’ailleurs est en train d’organiser de très bonnes choses », commente-t-elle. « Notre but est clairement de sensibiliser le grand public à l’existence de cette branche de l’art. » Car trop souvent, il est vrai qu’on oublie que pour tous les bâtiments publics, il existe l’obligation de consacrer au moins un pour cent du budget de construction à une œuvre d’art qui doit y être intégrée.

C’est aussi pourquoi, sur des tables basses présentées dans l’exposition, est expliqué le parcours d’une telle œuvre, de la maquette jusqu’à la réalisation. Une entreprise louable donc, qui servira à découvrir de plus près tout un pan de création artistique auquel on ne pense pas souvent.

Jusqu’au 15 avril au Luxembourg Center for Architecture.

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