Histoire
 : Charles chez soi


En attendant la fin du trou estival, place aux musées qu’on ne traite pas souvent dans ces colonnes. Cette fois, c’est au tour du Musée d’histoire de la Ville de Luxembourg (MHVL).

1386expoUn soleil de plomb pèse sur les vitres du MHVL, sis dans la ruelle du Saint-Esprit. À l’intérieur, sous les rayons luisants, le temps semble s’être arrêté à la réception. Lorsqu’on indique son intention de visiter la deuxième exposition consacrée à Charles IV – le comte de Luxembourg qui fut aussi empereur de Bohême, une sorte de « nation branding » médiéval -, l’homme derrière le bureau se confond en excuses : « Oh, mais ce n’est qu’une salle, vous savez. C’est un peu complémentaire à l’autre exposition. »

Ah bon. Une exposition qui n’en est pas une, c’est nouveau. Peu importe, pour échapper à la chaleur, une petite ronde dans le sous-sol bien climatisé du MHVL est une nécessité qui s’impose. Faut juste encore trouver la bonne salle, vu que l’exposition Charles IV est mêlée à l’exposition permanente du musée. En traversant l’installation interactive dédiée à Mélusine, figure au moins aussi légendaire que l’empereur luxembourgeois, on y arrive. Et c’est vrai que pour un 700e anniversaire, on aurait pu mieux faire. Quelques maquettes réelles et informatisées qui montrent le Luxembourg des années 1000 et 1500, quelques vieux manuscrits sur lesquels les informations – voire traductions – sont rares. Une lettre de 1968 associant les villes de Luxembourg et de Prague. Quelques équipements, des canons, un arbre généalogique… et on y est. C’est peut-être dû au fait que Charles IV était bien comte de Luxembourg et empereur (donc un des rares personnages qui lient notre petit pays à son destin historique) mais qu’il n’était pas très en odeur de sainteté auprès des Luxembourgeois. Et pour cause : comme le rappelle Michel Pauly dans la brochure de l’exposition, Charles IV n’a pas respecté les dernières volontés de son père Jean l’Aveugle. Déjà en revendiquant le comté, puis en lui extorquant l’argent nécessaire à financer son accession au trône impérial. Il n’a même pas enterré son père à l’endroit prévu dans son testament. Donc, en fait, pas de quoi en faire un héros national vraiment. Et, de surcroît, pas de quoi en faire un article entier non plus.

On prend donc l’ascenseur pour monter deux étages et voir l’autre exposition, « Le musée chez soi », qui sera encore prolongée jusqu’au 9 octobre. L’idée est de montrer que les collectionneurs luxembourgeois eux aussi avaient les moyens de remplir leurs salons d’art local. Dans une ambiance de faux salon, des œuvres de Jean Noerdinger, Jean Schaack, Frantz Seimetz, Pierre Blanc, August van Werveke, Jean Curot, Jean-Pierre Beckius, Nico Klopp, Joseph Kutter, Roger Gerson, Carin Meyers, Auguste Trémont, Michel Stoffel, Sosthène Weis, Joseph Probst, Théo Kerg, Arthur Unger, François Gillen et Lucien Wercollier s’y trouvent pêle-mêle.

S’il y a effectivement quelques noms majeurs de la création artistique luxembourgeoise du 20e siècle, on a un peu du mal à distinguer leur valeur dans ce pot-pourri. D’autant plus que quelques tableaux ne sont rien d’autre que d’affreuses croûtes – c’est de la main-d’œuvre et pas vraiment de la recherche artistique. En tout cas, si on voulait une preuve que le collectionneur luxembourgeois lui aussi sait s’entourer de jolies choses, la voilà !

« Charles IV – Le Luxembourg et ‘son’ 
comte, roi et empereur européen », jusqu’au 9 octobre.
« Le musée chez soi », jusqu’au 9 octobre.

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