„Wilbur Wants to Kill Himself“, petite comédie noire, raconte comment un jeune homme déterminé à se suicider va changer ses projets.
„Suicide mode d’emploi“ – le livre sorti voilà quelques années sur les manières les plus efficaces de mettre fin à ses jours avait, de par son pragmatisme cru, suscité de vives controverses. Avec „Wilbur Wants to Kill Himself“, un film sur un trentenaire en mal de vivre, cela ne risque pas. Même si nous voyons le jeune homme s’essayer à toutes les recettes – veines coupées, strangulation, médicaments ou gaz – sans jamais parvenir à son but, la dernière ´uvre de la réalisatrice Lone Scherfig n’a rien de choquant. A mi-chemin entre comédie noire et mélodrame évitant de justesse la pleurnicherie, le film ne s’attaque que très superficiellement à son sujet.
Si cela ne vous dérange pas, vous allez néanmoins apprécier cette histoire douce-amère autour de deux frères, originaires de Glasgow, ayant hérité d’une librairie qui vend des livres de seconde main. Deux frères aux caractères opposés: d’un côté Wilbur (Jamie Sives), sombre, égoïste et aussi dégoûté de son entourage que de la vie elle-même, qui excelle dans le cynisme et la méchanceté; de l’autre, Harbour (Adrian Rawlins) prototype de l’homme au grand coeur, mais pas vraiment fait pour réussir dans la vie. Ils mènent une existence tranquille, pimentée à l’occasion par les tentatives de suicide de Wilbur que Harbour parvient à chaque fois à empêcher. Lors du décès de leur père, leur vie prend un autre tournant. Harbour, qui tente de mettre de l’ordre dans ce fouillis qu’est la librairie, rencontre Alice (Shirley Henderson), une cliente fidèle. Pour alimenter le compte d’épargne de sa petite fille, elle chipe des livres aux malades dans l’hôpital où elle travaille et les revend.
A part l’humour grinçant qui règne dans les deux tiers de l’histoire – tenez par exemple les tentatives réussies de Wilbur de déstabiliser le groupe de thérapie anti-suicidaire dont il fait partie – c’est surtout le jeu naturel du séduisant Jamie Sives et d’Adrian Rawlins qui fait vivre le film. Shirley Henderson par contre, dont nous avions déjà pu apprécier les grands yeux tristes dans „Trainspotting“ et „Villa des Roses“, semble figée dans son rôle de jeune femme mystérieusement tristounette qui attend le prince charmant.
Dans ce film, elle en aura deux, car les frères s’éprennent tous les deux de la jeune femme. A mesure que nous découvrons le pourquoi des envies suicidaires de Wilbur, il va lentement s’en éloigner grâce à l’amour qu’il porte à Alice – qui a choisi cependant d’épouser Harbour. Mais plus la vie de Wilbur prend du sens, plus celle de Harbour en perd.
Dommage que le film n’approfondit guère le problème de cette histoire à trois, pas plus que celui du mal de vivre dans lequel sombrent les personnages principaux, chacun à sa façon. Si Lone Scherfig, disciple du groupe „Dogma“ de Lars von Trier, avait réussi l’exercice de haut voltige entre humour noir et drame psychologique dans „Italian for Beginners“, la réalisatrice est cette fois moins à l’aise avec son mélange. Il reste un petit film agréable à voir qui puise un peu trop dans la comédie anglaise et qui pèche par une fin plutôt prévisible.