UN AN APRES LE 11 SEPTEMBRE: Parler de paix, faire la guerre

D’un côté des discours édifiants sur la paix et l’humanisme, de l’autre un silence complaisant voire le soutien à des guerres sales. Le 11 septembre n’a fait qu’accentuer le double langage des gouvernements occidentaux.

Le 11 septembre sera un jour comme les autres. Dans une ville de l’hémisphère Nord, les habitant-e-s commémoreront la mort de quelques milliers des leurs, il y a un an. Des dirigeant-e-s politiques lanceront des appels pour la paix et contre la barbarie. Dans l’hémisphère Sud, plus de 10.000 enfants mourront de malnutrition. En Irak, en Tchétchénie, en Afghanistan, en Palestine, des centaines de milliers de personnes craindront de voir bombardées leurs habitations.

Tout cela s’explique. Au nom des valeurs humanistes, il convient de s’indigner quand un attentat est commis au centre d’une des villes occidentales, tuant des gens comme vous et moi parce qu’ils et elles se trouvaient au mauvais moment au mauvais endroit. Au nom de ces mêmes valeurs, nous devons prendre nos responsabilités: combattre le mal en lançant des „actions préventives“ – de petites „opérations“ pour détruire les „infrastuctures du terrorisme“. En prenant soin de minimiser, dans la mesure du possible, les „dommages collatéraux“. Le contraste est saisissant: quand ils parlent du 11 septembre, nos dirigeant-e-s se montrent indigné-e-s, horripilé-e-s, quand ils traitent des guerres menées en notre nom, ils/elles raffollent des euphémismes.

Hypocrisie ou schizophrénie? Le ministère de la coopération finance un programme d’aide pour les victimes des bombardements au napalm au Vietnam, lors de cette autre guerre juste … et sale d’il y a 30 ans. En même temps le Luxembourg soutient ce que les dirigeants américains appellent la longue guerre contre le terrorisme. Les victimes de cette dernière pourront compter sur la compassion et la solidarité de notre ministre de la coopération … de l’an 2032.

Le 21 septembre on fêtera la Journée internationale de la paix. Au Luxembourg, sont prévus un concert, une prière interreligieuse et une manifestation multicolore „Paix et non violence“. Il n’y a pas de mal à jouer de la musique ou à prier pour la paix, et l’approche de commencer par nous-mêmes dans notre quotidien afin de conjurer haine et violence est un élément important d’une éducation à la paix. Mais en chantant la paix sans dénoncer la guerre, en acceptant le soutien des gouvernements, ce type de manifestation n’est que la façade derrière laquelle des politicien-ne-s cyniques agissent à leur guise.

Le Luxembourg n’est pas en dehors du monde. En tant que membre de l’OTAN, il a été sollicité, à la suite du 11 septembre, par les Etats-Unis, afin de remplir ses devoirs d’allié. Même si la base juridique de cet appel était douteuse, même si le ministre de la défense avait fait valoir quelques réserves, le Luxembourg a fini par s’embarquer corps et âme dans la grande lutte contre „le mal“. Une preuve récente en est l’embarquement au Findel d’une douzaine de jeep issus du dépôt américain de Sanem. Leur destination serait l’Afghanistan, où les Etats-Unis mènent une guerre qui a sans doute déjà fait plus de morts civiles que les attentats du 11 septembre 2001. Par ailleurs, d’après le Wort, il s’agirait d’un entraînement pour le transport par voie aérienne. En vue de l’intervention américaine en Irak? Le Luxembourg, comme le reste de l’Europe, se trouve impliqué dans des guerres dont le caractère criminel devient de plus en plus évident.

En 1990, l’argument du droit international était invoqué pour justifier les bombardements américains massifs contre l’Irak: il fallait libérer le Koweït et on disposait d’un mandat de l’ONU. En 1999, pour bombarder la Yougoslavie, à défaut de mandat onusien, des arguments humanitaires étaient avancés. Quant à l’Afghanistan, les constructions de droit international et les clichés humanitaires rassemblés pour justifier cette guerre ont fini par révéler leur caractère mensonger: il n’y a eu ni capture de Bin Laden, ni amélioration du sort de la population afghane. Cette fois-ci, pour „finir le travail“ en Irak, les Etats-Unis ne s’embarrassent plus ni de droit ni d’humanité – „eux ou nous“, voilà le message. Face à cette escalade meurtrière, il ne suffit pas de parler de paix, il faut s’opposer clairement à la guerre.


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