PHOTOGRAPHIE: Dépaysements

Plus populaire que le foot: le photographe Marc Wilwert a consacré un livre aux courses de stock-car au Luxembourg.

woxx: Ta façon de présenter le sujet du stock-car semble très ironique, comme si tu voulais faire un petit clin d’oeil bienveillant au style de vie luxembourgeois …

Marc Wilwert: Oui, les photos sont ouvertement ironiques, mais je ne voulais pas porter un regard moqueur sur le phénomène stock-car. Parfois j’avais peur d’être trop ironique, mais je pense ne pas avoir dépassé les limites. Je ne voulais en aucun cas froisser les personnes que j’ai rencontrées et qui ont contribué à la réalisation du reportage. Je voulais avant tout capter cette ambiance bon enfant et festive qui règne autour des pistes.

Comment as-tu abordé ton sujet?

En fait, je n’habite pas loin d’une piste de stock-car. Le bruit des moteurs vrombissants et les éclats de la foule excitée m’ont rendu curieux. J’ai commencé à prendre des photos au cours de l’été 2003. Dès le début, le résultat m’enthousiasmait et j’ai su que je voulais réaliser un travail de longue haleine. A un moment, je me suis cependant rendu compte que mon travail stagnait. Il me manquait quelque chose pour rendre véritablement l’ambiance très particulière du monde du stock-car. C’est alors que j’ai commencé à aller vers les gens. Le contact avec les différents acteurs m’a permis d’aborder le sujet de l’intérieur. Voilà ce qui avait été mon intention dès le début.

Que voulais-tu montrer au juste?

Ce que je trouve amusant, c’est le fait que la vague du stock-car vienne d’un vaste pays comme les Etats-Unis lécher le territoire du petit Luxembourg. Le stock-car est très prisé chez nous. Beaucoup l’ignorent, mais le stock-car attire plus de supporters que le foot! Et pourtant, on n’en parle pratiquement jamais dans la presse. Peut-être qu’on ne prend pas ce phénomène suffisamment au sérieux. D’autre part, je voulais sciemment brouiller les pistes pour que l’on ne sache pas déceler au premier coup d’oeil que ce spectacle a lieu au Luxembourg. De nombreuses personnes m’ont d’ailleurs demandé avec étonnement si mes photos ont effectivement été prises au Grand-Duché ou bien en Amérique. Il y a pourtant de petits indices, comme la bouteille de bière Bofferding ou le drapeau avec le „roude Léiw“! J’aime cette idée que cela aurait pu se passer ailleurs, mais que c’est bien ici que ça c’est déroulé. De plus, je voulais conférer à ces photos une espèce d’ambiance surréelle, voilà pourquoi elles ont été prises en plein soleil.

Tu es également photographe de presse. Est-ce que le fait de travailler pour la presse influence-t-il tes projets personnels?

Mon job me plaît. La seule chose qui soit regrettable est que souvent je n’ai pas le temps d’approfondir des sujets pourtant captivants. Voilà pourquoi, en dehors de mon boulot, j’ai un réel besoin de réaliser des reportages ou d’autres travaux personnels. Les photos que je fais pour moi, expriment ma vision du monde qui m’entoure, alors que les images de presse sont des comptes-rendus de l’actualité. Bien sûr, déformation professionnelle oblige, le photographe de presse déteint occasionnellement sur le photographe passionné que je suis et je me surprends en train de prendre des clichés qui auraient pu figurer dans la presse. Je pense que c’est inévitable.

Tu fais partie des membres fondateurs de photon.lu. Quelles sont les revendications de cette association?

En fait, l’idée de créer ce site vient de Tom Lucas. Initialement, il s’agissait d’un projet expérimental à réaliser pendant ses études à Liège. Nous avons développé ensemble une galerie en ligne qui présentait les travaux de plusieurs étudiants de l’école. L’affaire s’est concrétisée au fil du temps pour devenir une véritable plateforme d’échange pour jeunes photographes, ouverte à tous les intéressés. Le site internet se veut être un forum qui permet aux personnes présentes sur le net de montrer leurs travaux à un large public.

Qu’est ce qui t’intéresse en général dans tes projets personnels?

Il n’y a pas de dénominateur commun. J’aime toucher à la photographie conceptuelle, autant que j’aime le reportage, les portraits et les paysages. Le travail sur Cattenom, par exemple, sur mon site shoot.lu montre l’emprise d’une centrale nucléaire sur le paysage environnant. Ce qui m’a intrigué, c’est l’omniprésence de ce nuage artificiel suspendu comme une épée de Damoclès au-dessus du paysage et des bâtiments de l’usine qui défigurent le décor naturel. Je suis tombé sur des détails intéressants comme par exemple ce petit café nommé „Café du soleil“ qui fait référence à l’usine de fusion, puisque le soleil est en fait en lui-même une telle usine au naturel.

Né le 11 septembre 1976, Marc Wilwert découvre assez tôt l’attrait de la photographie qu’il étudie pendant trois ans à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts St-Luc à Liège. Dans la foulée, il passe un an à Londres au London College of Printing. Dès son retour au Luxembourg, il fait son entrée au „Wort“, où il travaille depuis plus de deux ans en tant que photographe de presse. Son projet „Car Wars“ fait
l’objet de la quatrième édition de la série „Découvertes Jeunes Talents* lancée par le Centre National de l’Audiovisuel à Dudelange en vue de donner un coup de pouce aux jeunes prodiges de la scène nationale.

L’ouvrage peut être commandé au CNA www.cna.lu


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