L’accord de principe pour l’usage du cannabis médicinal a été précisé. Pourtant au vu de ce qui se passe chez nos voisins européens, le Luxembourg montre encore une fois qu’il manque d’audace enla matière.
Il aura fallu que l’Allemagne – pourtant dominée par les conservateurs – fasse le premier pas pour que la coalition libérale luxembourgeoise décide enfin d’avancer timidement vers une utilisation plus souple du cannabis médical. En effet, le 19 janvier de cette année, le Bundestag a approuvé à l’unanimité une loi permettant non seulement à des personnes gravement malades d’accéder à des traitements contenant des molécules de cannabis, mais aussi aux patients d’être couverts par la caisse de maladie étatique (ce qui représente une grande différence en Allemagne avec son secteur médical privé très développé).
Mais au Luxembourg, on reste loin du compte. Au lieu de promulguer une loi qui accorderait la législation sur la santé avec les dispositions pénales qui doivent être adaptées en corrélation, le gouvernement luxembourgeois se limite à donner un accord de principe « quant à l’utilisation du cannabis à des fins médicales, donné par le Conseil de gouvernement, [qui] permettra de progresser dans les démarches nombreuses à entreprendre pour créer un dispositif national garantissant l’accès au cannabis de qualité standardisée à des fins thérapeutiques et d’assurer sa disponibilité et délivrance sécurisées », comme l’a communiqué le ministère de la Santé aujourd’hui. On reste donc dans le vague et dans l’expectative quant à une éventuelle législation garantissant l’impunité à tous les malades susceptibles de bénéficier d’un soulagement considérable de leurs symptômes grâce au cannabis.
Beaucoup (trop) d’exemples européens
Alors que jusqu’ici seul le médicament Sativex était admis au Luxembourg – et restreint aux personnes souffrante d’une sclérose en plaques avec des complications spastiques – la porte est désormais ouverte à d’autres pathologies et d’autres médicaments. En effet, le ministère de la Santé se penche sur le cannabis médicinal en soi, comme sur les médicaments contenant soit de la THC soit de la CBD – deux molécules présentes dans le cannabis. Ces derniers peuvent servir par exemple pour réguler les problèmes d’appétit après des chimiothérapies.
Une des raisons pour lesquelles le ministère de la Santé se montre toujours aussi réticent semble être la multiplication des législations en faveur de l’utilisation du cannabis médicinal, et surtout le fait que celles-ci varient beaucoup en fonction du cadre législatif national. Mais au lieu d’attendre la mise en place d’un « level playing field » – comme c’est le cas avec la fiscalité –, l’urgence sanitaire d’une ouverture au cannabis médicinal semble avoir poussé la ministre Lydia Mutsch à aller de l’avant.
D’autant plus qu’entre-temps même la Pologne, sous la férule des ultraconservateurs nationalistes du PiS, vient aussi de légiférer en faveur du cannabis médicinal. Il était grand temps. Espérons que le gouvernement jugera son expérience concluante et continuera d’œuvrer vers davantage de liberté en matière de cannabis.
Das könnte Sie auch interessieren:
- Avis annuel Idea : Le Luxembourg résilient grâce à sa place financière
- Ventes à découvert : Pas d’interdiction au Luxembourg, mais aussi peu d’impact…
- Brigadiers internationaux : les oubliés de la Résistance
- Statistiques culturelles européennes : Quelques surprises
- Lobbyistes : un jour la transparence viendra