Dans son programme de coalition, le gouvernement a promis de cogiter sur la mise en place d’un registre de lobbyistes œuvrant auprès du parlement. D’après une réponse à une question parlementaire, ce ne sera cependant pas demain la veille.
Il aura fallu beaucoup de pression pour que la montagne accouche d’une souris : en 2011, un registre de transparence pour les lobbyistes auprès de l’Union européenne est devenu réalité. Même si ce dernier est toujours très critiqué et critiquable – notamment parce que l’inscription se fait sur base volontaire et non pas obligatoire –, c’est tout de même un net progrès. D’autant plus que des pages comme LobbyFacts (projet conjoint des ONG Corporate Europe Observatory et LobbyControl) font de leur mieux pour agréger les informations disparates et de les présenter avec autant de transparence que possible.
D’autres pays européens comme la France, les Pays-Bas, l’Irlande, la Pologne ou encore la Macédoine par exemple disposent eux aussi de ces registres. Au Luxembourg pourtant, il n’en est rien. Même s’il serait sans doute intéressant de savoir combien de représentant-e-s de la place financière ou d’autres multinationales se donnent rendez-vous régulièrement avec nos parlementaires et politicien-ne-s. Et à ce qu’il paraît, le gouvernement n’a pas vraiment hâte d’éclairer le public sur ces contacts.
Car même si le gouvernement a noté dans son programme que « l’opportunité de créer un registre des représentants d’intérêts intervenant dans le processus législatif sera étudiée », il avait déjà remis aux calendes grecques ce projet une première fois en mars de cette année dans une réponse à une question du député pirate Sven Clement. Ce dernier s’est pourtant replongé dans la question suite à un changement de braquet chez nos voisins allemands. En effet, le gouvernement et le Bundestag étaient pendant longtemps rétifs à une telle idée, mais en juin de cette année, le Bundesverband der Deutschen Industrie (BDI), le Verband der Chemischen Industrie (VCI), le Naturschutzbund Deutschland (Nabu) et le Bundesverband der Verbraucherzentralen (VZBV) tout comme Transparency International – donc des acteurs de taille et ne poursuivant pas les mêmes intérêts – se sont engagés en faveur d’un tel registre. Une raison pour Clement de reposer sa question.
La réponse de Xavier Bettel, qui, en sa qualité de ministre de la Communication et des Médias, est aussi responsable de la transparence, est légèrement navrante : « D’Regierung ass am Gaang déi verschidde Modeller, wéi se am Ausland an op international institutionellem Niveau existéieren, ze analyséieren an ze vergläichen. Transparenz als Deel vun enger proaktiver a participativer Politik ass eng Prioritéit vun der Regierung. » En d’autres mots : il faudra encore quelques bons coups de pression de la société civile pour que les choses bougent.
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