La tornade du weekend dernier devrait provoquer davantage qu’un sursaut de solidarité nationale et de discussions avec les assurances – et enfin faire bouger concrètement les lignes dans la lutte contre le changement climatique.
Certes, la tornade qui a frappé les communes de Pétange et de Bascharage vendredi dernier n’est pas un signe d’une quelconque apocalypse climatologique imminente. Le Luxembourg est régulièrement hanté par des phénomènes météorologiques extrêmes, en dépit de son climat plutôt médiocre. La tempête de 1990 qui a fait des centaines de millions d’euros de dégâts ou encore les inondations récentes au Mullerthal en témoignent.
Le même gouvernement qui s’est précipité au chevet des sinistré-e-s a aussi refusé d’acter l’urgence climatique pour des raisons politico-politiciennes.
Même le phénomène de la tornade en soi n’est pas une nouveauté pour le grand-duché. La différence avec celles que le pays a vu jusqu’ici, est que vendredi dernier ont été frappé des zones habitées – ce qui accroît l’ampleur des dégâts et surtout donne une idée de la force immense qu’une tornade peut développer. Une façon spectaculaire de nous rappeler encore une fois que ce pays n’est pas une île tranquille et que les images qui nous proviennent « normalement » des États-Unis ou de régions subtropicales, peuvent tout aussi bien être filmées à Pétange.
Les réactions officielles immédiates n’ont pas dérogé à la routine normale déclenchée en ces cas : opération photo avec premier ministre, ministres et grand-duc à l’appui promenant leurs visages mornes et concernés dans la région sinistrée, déblocage d’aides s’urgence, appels à la solidarité et aux assureurs de venir en aide rapidement et efficacement aux personnes dont les logements sont devenues inhabitables. Rien à reprocher non plus aux services d’urgence et aux pompiers, dont le travail pour restaurer au plus vite un semblant de normalité a été remarquable.
Pourtant, pour le gouvernement l’affaire s’arrête là. Nous sommes venus en aide aux gens frappés par la tornade, mais nous ne changerons rien dans notre politique – tel est le message que l’on peut percevoir ces derniers jours. Aucune mise en cause de la politique en matière de climat alors que les appels à agir au plus vite se multiplient chaque jour dans le monde. Et il ne faut pas être fan de Greta Thunberg pour comprendre que le défi politique majeur des années à venir sera celui du combat contre le changement climatique. Un enjeu qui ne touche pas seulement aux questions écologiques, mais impacte aussi la question sociale et par-delà celle de la solidarité avec le tiers-monde.
C’est que dans ce contexte, il ne faut pas oublier que le même gouvernement qui s’est précipité au chevet des sinistré-e-s a aussi refusé d’acter l’urgence climatique pour des raisons politico-politiciennes. C’est aussi la même coalition qui traîne des pieds dans des dossiers comme le tourisme à la pompe et dont le bilan carbone reste toujours aussi catastrophique après plus de six ans au pouvoir. Et qui ne sait pas mettre une ligne claire dans des dossiers industriels phares comme Google ou Fage.
Ce n’est pas parce que le pays est tellement petit qu’il peut s’éclipser de sa responsabilité en matière climatique. Même la place financière, en attirant des capitaux appartenant aux plus gros pollueurs de la planète, y a sa part. S’il y a une chose que la tornade de Pétange montre, c’est que le Greenwashing et le Nation Branding ne nous mettent pas à l’abri des tempêtes qui viendront encore.