Exposition monographique : Étienne Schneider, 
muse des artistes


À force d’avoir la tête tournée vers les étoiles, il fallait bien que ça arrive. La stratégie spatiale du Luxembourg a donné à la jeune artiste Laura Mannelli l’idée de s’inspirer des rêves du ministre Étienne Schneider pour son projet « The Promises of Monsters », actuellement à la galerie Indépendance.

Demain, le Luxembourg exploitera peut-être les ressources minières de la Lune et des astéroïdes. C’est en tout cas ce qu’espère le ministre de l’Économie Étienne Schneider, qui développe avec force son programme spatial, malgré le scepticisme ambiant. En attendant de rapporter sur la planète Terre des métaux rares ramassés dans l’espace, l’artiste Laura Mannelli, passée par l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais, récolte déjà les fruits de cette science-fiction du réel.

Celle dont le site internet s’ouvre par une version féminine d’Astroboy, le petit robot d’Osamu Tezuka, a remporté la bourse Indépendance au mois de juin dernier, proposée par le Fonds culturel national, la fondation Indépendance et la Banque internationale à Luxembourg. Un prix qui a récompensé son travail étonnant, inspiré à la fois de Dante Alighieri et des écrivains d’anticipation.

« The Promises of Monsters » est un titre emprunté au « Manifeste cyborg » de Donna Haraway. Quel est le point de rencontre entre le poète italien et l’écrivaine américaine ? Une certaine conception du monde, un voyage initiatique transformé en fantasme métaphysique projeté dans les étoiles. Car Laura Mannelli aime à tordre les volumes pour surprendre son public, dans un exercice d’architecture expérimentale.

Cette exposition porte ainsi bien son nom, avec la promesse tenue du monstre, celle du Meta Wanderer, du vagabond des données, tel qu’elle l’a nommé. Il est inattendu et surgit de constellations dans des animations faites du contraste entre ombre et lumière. Du noir profond, hypnotique, apparaissent des formes qui se précisent, se meuvent jusqu’à l’inquiétude. Dieu céleste ou monstre légendaire qui approche et menace.

L’installation emprunte aux technologies les plus modernes, avec des images de synthèse projetées en très haute résolution sur écran géant. Ce Meta Wanderer est un mélange des passions luxembourgeoises pour les réseaux et pour l’espace, selon l’artiste. Une interprétation libre et futuriste d’un monde fuyant, déshumanisé et impalpable. L’œuvre évolue aux frontières des jeux vidéo, de l’architecture et des nouvelles formes de narration – de celles que l’on trouve aujourd’hui sur l’internet.

Hypnotique, le résultat est aussi étonnant de précision. Pour l’obtenir, Laura Mannelli a choisi de collaborer avec les meilleurs, Frederic Thompson, designer immersif, et Gérard Hourbette, du groupe Art Zoyd, pour l’ambiance musicale. Transparaît alors une maîtrise élégante d’un monde imaginaire dans lequel les trois artistes voyagent à l’envi. Et le spectateur d’y voir, nécessairement, des clins d’œil aux œuvres cyberpunks comme « Ghost in the Shell » ou « Neuromancer ».

Depuis une dizaine d’années, Laura Mannelli écume ainsi la scène de l’art électronique, avec cette manière si particulière d’articuler le monde de ses marionnettes de synthèse. Du palais de Tokyo à la Nuit blanche de Paris, elle a su développer une personnalité forte et reconnaissable entre toutes. La bourse qu’elle a remportée récompense cette ténacité, de celles qui font les artistes à même d’interpréter l’esprit de notre temps, un Zeitgeist plus que jamais numérique.

À la galerie Indépendance, 
jusqu’au 2 février 2018.

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