La galerie Clairefontaine accueille la quatrième exposition au Luxembourg de Stylianos Schicho. Les grands visages interrogateurs de l’artiste autrichien devraient à nouveau interpeller les curieux.
Stylianos Schicho aime voir les choses en grand. Ses œuvres, année après année, conservent ce point commun de la démesure, de celle qui interpelle nécessairement le visiteur. Car l’artiste autrichien d’origine chypriote s’est construit en grand format, avec des visages aux yeux scrutateurs et inquisiteurs, peints sur des toiles séparées avant d’être rassemblées. Dans cette exposition, on retrouve quelques anciennes toiles, mais aussi ses dernières créations, qui laissent souvent deviner le trait de l’esquisse, l’ébauche derrière le résultat final. Comme s’il lui tenait à cœur de lever le secret sur ses travaux préparatoires. Comme si, pour l’œil du visiteur, tout était mis à nu.
Derrière son coup de pinceau, entre Enki Bilal pour les couleurs et le manga pour la disproportion des yeux, Stylianos Schicho joue sur la profondeur. Proche, on aperçoit la création, les détails et les coups de crayons. De plus loin, il s’agit juste d’une œuvre achevée qui s’observe et se décompose.
Les visages qu’il dessine ne sourient pas. Au contraire, ils scrutent le visiteur, l’interrogent dans son intimité, regard sévère mais droit, fermement décidés à en percer les secrets. À trop être ainsi épié, il est tentant d’aller voir ailleurs, dans les autres toiles de l’artiste. Mais lorsqu’au lieu de fixer le spectateur le visage se retourne, on regrette aussitôt de ne plus voir ces yeux béants. Il reste toujours une libellule, insecte emblématique de Stylianos Schicho, pour rappeler que l’œil humain n’est finalement pas si curieux que ça.
« Le voyeurisme et l’exhibitionnisme sont des clés pour comprendre ce mouvement mondial d’une vie privée qui s’affiche de plus en plus », répète Stylianos Schicho. « C’est pourquoi je m’y suis intéressé et que je fais partie moi-même de cette société voyeuriste. »
Ses tableaux font alors écho au règne des réseaux sociaux, à leurs excès, mais aussi à la volonté des anonymes de se montrer. À tel point que les yeux de ses personnages sont aussi ceux des caméras de surveillance, pendant que le peintre lui-même se place dans la perspective d’un observateur omniscient.
On s’arrête alors sur ces cercles présents dans ses œuvres, qui servent peut-être à établir des échelles, des proportions, qui parfois se rencontrent, souvent s’évitent. S’agit-il de planètes incertaines ou juste de repères géométriques ? Ils sont là, omniprésents, comme des lignes de faille.
Le tout sert une exposition passionnante, qui en dit long sur l’ambition de l’artiste, en prise avec son époque. « Parfois, il faut savoir creuser son trou en tant qu’artiste et poursuivre ce travail jusqu’à atteindre l’autre côté de la Terre », convient-il. Cette quatrième exposition montre à quel point il semble sûr de son art et décidé à poursuivre dans la voie qu’il s’est tracée.
Récompensé par de nombreux prix, Stylianos Schicho est une étoile montante de la scène contemporaine. Cette exposition en est la confirmation et appelle déjà les suivantes.
Jusqu’au 21 avril à la galerie Clairefontaine.
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