John Musker et Ron Clements
 : Mauruuru Disney


L’Utopolis Kirchberg a mis les petits plats dans les grands pour la sortie de « Vaiana », le dernier-né des studios Disney. Techniquement maîtrisé, le film peine pourtant à renouveler un univers déjà bien connu.

Non, non, pas de princesse ni de prince charmant dans ce film… foi de Disney.

Non, non, pas de princesse ni de prince charmant dans ce film… foi de Disney.

Treize séances en trois langues, des ateliers de danse polynésienne, de tatouage ou de râpage de noix de coco, des dégustations… la « Vaiana Party » de ce dimanche 27 novembre promet une ambiance tropicale dans la grisaille de l’automne. Mais si le fait que Disney excelle dans l’art du marketing – secondé avec talent par distributeurs et exploitants – n’est pas une découverte, qu’en est-il des qualités cinématographiques de sa dernière superproduction d’animation ?

Le sujet était on ne peut plus alléchant : les Polynésiens, qui ont essaimé dans la multitude d’îles contenues dans l’immense triangle délimité par Hawaï, la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques, ont été des navigateurs talentueux. Sans instruments sophistiqués et sur des embarcations traditionnelles, ils ont vogué sur des distances importantes pour peupler peu à peu la plupart des terres habitables durablement. Et puis, soudainement, ils ont cessé de parcourir les mers. Ce mystère fascine encore de nos jours, sans compter l’attrait des lagons tranquilles sous un climat agréable et l’existence de nombreuses légendes hautes en couleur.

S’emparer des récits polynésiens, c’était donc une étape assez naturelle pour Disney, qui a confié le film aux vieux briscards John Musker et Ron Clements, déjà réalisateurs de « La petite sirène » en 1989. Les deux scénarios comportent d’ailleurs beaucoup de parallèles. Ici, la jeune Vaiana, fille d’un chef polynésien, rêve de naviguer au-delà du lagon qui protège son île, chose formellement interdite par son père. Mais devant l’épuisement des ressources de la terre et du lagon, elle entamera ce voyage périlleux pour achever une quête interrompue par ses ancêtres, dont elle apprendra notamment le glorieux passé de navigateurs. Elle deviendra elle-même experte dans cet art, aidée par Maui, un demi-dieu du panthéon polynésien.

Que Vaiana ne soit pas princesse, chose sur laquelle le film insiste plusieurs fois, est parfaitement représentatif de l’illusion de renouvellement dans laquelle Disney tente de conforter ses spectateurs. Car quelle différence de statut y a-t-il vraiment entre la princesse d’un royaume étendu et la fille du chef d’une petite île tahitienne ? La vahiné (femme, en tahitien) polynésienne est ici fortement américanisée dans ses attitudes et son langage, et le tané (homme) est un demi-dieu et pas un prince, certes, mais se situe dans la plus pure lignée des personnages auxquels le studio nous a habitués : vaniteux mais attachant, méprisant mais au cœur d’or finalement. Les chansons obligatoires sont parfaitement formatées pour les oreilles de tous. Rien de nouveau sous le soleil donc, fût-il de Polynésie. Seule l’absence d’une histoire d’amour semble une rafraîchissante nouveauté.

1399kinotelexxAlors oui, la réalisation est habile, certains gags qu’on a pourtant déjà vus (notamment le comique de répétition avec un animal de compagnie un peu nigaud) fonctionnent, et certaines trouvailles sont vraiment excellentes (les tatouages animés de Maui). Mais les personnages en 3D n’ont pas la beauté des Polynésiens, qui frappe lorsqu’on visite leurs îles : ce sont finalement les mêmes figurines toutes de pixels qui peuplent les autres films de Disney. Tout comme l’histoire ne contient vraiment pas d’innovation par rapport aux grands récits classiques déjà portés à l’écran. Les Polynésiens diront certes « mauruuru » (merci) pour le coup de projecteur sur leur petit coin de paradis, mais le film plaira surtout aux enfants, aux inconditionnels de Disney ou aux amoureux du parfum des fleurs de tiaré. On ne le leur reprochera évidemment pas. Les autres auront par contre une impression diffuse de déjà-vu, et pourront passer leur chemin.

En avant-première ce dimanche à l’Utopolis Kircherg pour la « Vaiana Party », ainsi qu’aux Ciné Waasserhaus et Kursaal ce samedi. Sortie la semaine prochaine. 
Tous les horaires sur le site.

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