DROGUE: Agir, enfin?

Le nouveau ministre de la Santé s’occupe du déficit des caisses, du tabagisme, de l’homéopathie. Pendant ce temps, les toxicomanes continuent à mourir. Qu’en est-il d’une stratégie concrète en matière de toxicomanie?

„Des structures d’accueil pour toxicomanes, ainsi que des structures post-thérapeutiques seront créées et le nombre de places de thérapie sera augmenté. Les différentes initiatives dans ce domaine seront soutenues. Pour les personnes gravement dépendantes, il sera développé un projet de mise à disposition de drogues sous contrôle médical.“ C’est ainsi que l’accord gouvernemental esquisse l’action future de la nouvelle coalition en matière de drogues. Est-ce peu ou est-ce beaucoup?

Peu, si on le compare aux promesses du parti socialiste faites dans son programme électoral. Du côté des drogues douces, les socialistes voulaient dépénaliser la consommation et la détention de cannabis. L’accord gouvernemental n’en souffle mot. Du côté des drogues dures, les projets du nouveau ministre de la Santé restent à préciser. Par exemple, le terme de „Fixerstube“, où les toxicos ne sont pas seulement encadrés, mais peuvent se shooter, n’apparaî t pas dans le texte de l’accord. Or, c’était justement une des revendications du parti de Mars di Bartolomeo.

Dans le „jeudi“, le nouveau ministre a pourtant laissé entendre qu’il „devient urgent de créer des infrastructures d’accueil et de thérapies supplémentaires comme des ‚Fixerstuben'“. C’est ce que trouvent depuis belle lurette les associations qui oeuvrent sur le terrain. Mardi, lors d’une conférence de presse, Tom Schlechter du service d’accueil Abrigado a encore souligné qu’avec la mise à disposition des containers au Dernier Sol depuis décembre 2003, le problème de l’hébergement de nuit s’est amélioré, mais qu’il s’agit d’une solution provisoire et précaire. Avec ses quarante lits, le foyer de nuit „Nuetseil“ installé dans les mêmes lieux, affiche souvent complet. L’encadrement par deux personnes la nuit est absolument insuffisant, au point que le travailleur social parle d’une „situation explosive“. Et si cette année, il ne faudra plus se soucier de trouver un local pour accueillir les toxicos en hiver, le problème ressurgira dans un an, lorsque le terrain sur lequel sont installés les containers sera mis en chantier pour la construction d’un établissement scolaire.

En ce qui concerne les „Fixerstuben“, on ne peut pas automatiquement déduire de la volonté du gouvernement de lancer un programme de distribution contrôlée d’héroï ne que celui-ci se déroulera dans l’enceinte d’une „Fixerstube“. Il est tout aussi possible de le réaliser de façon décentralisée, par le biais de médecins par exemple. Ce qui ne résoudrait pas le problème d’Abrigado, qui pour le moment doit gâcher son énergie dans un exercice quelque peu absurde: celui de contrôler que les toxicos ne consomment pas à l’intérieur ou aux alentours du centre.

Le projet de la „Fixerstube“, pourtant déjà mis sur pied par Carlo Wagner (DP) il y a quelques années, reste bloqué par l’attitude attentiste du collège échevinal DP-CSV de la ville de Luxembourg. Le fait que l’ancien gouvernement et le conseil échevinal aient laissé pourrir le dossier n’a pas seulement éternisé la misère et la marginalisation que connaissent les toxicomanes depuis des années. L’Etat et la Ville ont fait la part belle aux nouveaux réseaux de dealers africains, qui approvisionnent le marché luxembourgeois surtout en cocaï ne bon marché. Au point que les habitudes de consommation ont fortement changé: à la place de l’héroï ne, plutôt tranquillisante, les toxicos injectent maintenant de plus en plus la cocaï ne qui excite et rend agressif, dont les effets sont beaucoup plus courts mais non moins mortels.

Le projet de la „Fixerstube“, non réalisé, faisait partie d’un programme d’action, pas ou peu transposé. Le nouveau ministre va-t-il faire mieux? Qu’en est-il d’une stratégie concrète de Mars di Bartolomeo en matière de toxicomanie? Les cent jours d’état de grâce s’écoulent vite.


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