Encore des affiches pour sensibiliser? Face à la recrudescence du virus, le nouveau ministre de la Santé doit aller plus loin en matière de prévention.
„Nous devons recommencer à zéro.“ Ce fut le constat amer du ministre de la Santé mardi, lors d’une conférence de presse dans le cadre de la journéee mondiale contre le sida. Conséquence: Mars Di Bartolomeo veut lancer un plan d’action pour informer et sensibiliser davantage par rapport à l’infection HIV et la maladie du sida.
En effet, le nombre de nouvelles infections diagnostiquées atteint un niveau sans précédent. Si on y ajoute que le groupe d’âge le plus fortement touché est celui des 26 à 35 ans, on peut se demander à quoi ont servi les quinze ans de travail de prévention, notamment chez les jeunes. Ce travail était-il vraiment efficace? Bien sûr, il y a eu les campagnes annuelles, affiches et spots radio à l’appui. Bien sûr, il y a eu l’activité d’ONG comme la Aidsberodung, qui a toujours recherché le contact direct avec les jeunes pour transmettre son message. Et bien sûr, il y a eu les rapports du Comité de surveillance du sida. Mais on s’étonne qu’au Luxembourg, des choses évidentes comme la mise à disposition de seringues au centre pénitentiaire de Schrassig ou la mise en place généralisée de distributeurs de préservatifs dans les écoles du secondaire prennent des années voire des décennies.
Mardi matin, on avait l’impression qu’un véritable concept de prévention, basé sur une analyse systématique et régulière de la situation, fait toujours défaut. Ce n’est pas la faute au nouveau ministre, mais peut-être à son prédécesseur. Mars di Barolomeo a pu annoncer qu’il a convaincu son gouvernement de débloquer les budgets nécessaires pour de nouvelles mesres. Néanmoins, il a râté l’occasion de se profiler avec un plan d’action concret. Il aurait pu prendre comme exemple la France, où le Premier ministre vient de déclarer la lutte contre le sida „grande cause nationale“ pour l’année 2005.
Une telle approche n’est pas exagérée, car partout en Europe de l’Ouest, on est confronté à cette „deuxième vague“ du sida qu’a évoqué le Dr. Robert Hemmer, président du Comité de surveillance du sida, lors de la conférence de presse. Ainsi, dans le rapport „HIV/AIDS surveillance in Europe“ de 2003, on fait état du nombre croissant d’infections par contact hétérosexuel et du fait que de plus en plus de femmes sont concernées. Et on précise que l’augmentation est due en grande partie aux personnes d’origine africaine subsaharienne.
Dans ce même rapport, on note également que parmi les pays de l’Europe de l’Ouest, le Luxembourg se retrouve en troisième position concernant la proportion de nouveaux cas de HIV parmi la population et que ce taux est en progression. Qu’au Luxembourg, 8,5 pour cent seulement des nouveaux cas diagnostiqués sont des personnes d’origine luxembourgeoise. Ou encore que dans notre pays, le nombre de tests HIV, déjà peu élevé par rapport à d’autres pays d’Europe de l’Ouest, a fortement baissé en 2003.
Toutes ces données sont préoccupantes, mais en même temps, elles constituent des pistes pour des actions ciblées. Par exemple, il est urgent de promouvoir l’offre existante de tests volontaires et anonymes, notamment parmi la population non luxembourgeoise. Et: si l’on sait que de plus en plus de femmes sont touchées par l’infection, pourquoi ne pas prendre au sérieux les recommandations d’instances internationales? Ainsi, la „Déclaration de Vilnius“ des ministres de la Santé de l’Union européenne insiste sur l’encouragement des hommes et des garçons „as partners to take responsibility for their sexual behaviour“. Et la Commission européenne propose de propager le préservatif féminin. Les affiches, c’est bien, mais elles ne remplacent pas l’information directe, plus laborieuse et plus coûteuse, des jeunes et des moins jeunes.